Menée par le laboratoire des sciences cryosphériques (CRYOS) de l'EPFL et publiée dans la revue Environmental Research Letters, cette étude s'est notamment basée sur des données météorologiques (ensoleillement, vitesse des vents, etc) et satellitaires. Il en ressort qu'il y a une "vraie opportunité", y compris économique, à installer des panneaux solaires dans les Alpes.
"L'ensoleillement y est fort durant l'hiver et le réseau électrique existant lié à la production d'énergie hydraulique pourrait servir à transporter cette énergie en plaine", a expliqué le co-auteur de l'étude et directeur du laboratoire CRYOS Michael Lehning. Cette solution pourrait aussi servir aux éoliennes en milieu alpin, dont le véritable potentiel est encore "caché" du fait de la complexité topographique des Alpes, poursuit-il.
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Trop de nuages dans les villes
Selon le scientifique, les pouvoirs publics devraient davantage s'intéresser à ces différentes opportunités en milieu alpin. La combinaison de panneaux solaires avec l'énergie hydraulique actuelle pourrait réduire la dépendance de la Suisse aux énergies des pays voisins à hauteur de 80% durant l'hiver, estime Michael Lehning.
L'étude montre en revanche que l'installation massive de panneaux solaires sur les toits des villes n'est pas pertinente, en raison de la couverture nuageuse trop importante durant la saison froide.
Des éoliennes dans les "territoires inhabités" du Jura
En matière d'éoliennes, le Jura est considéré comme la région la plus intéressante avec "des territoires inhabités qui recèlent encore beaucoup de potentiel", poursuit le communiqué. A elle seule, la région représente 40% des installations préconisées par le modèle du CRYOS. Viennent ensuite les Alpes et les Préalpes.
L'installation d'éoliennes dans ces différentes régions et de panneaux solaires dans les Alpes, couplée à l'énergie hydraulique actuelle, est la solution la plus efficace pour atteindre la neutralité carbone et l’autonomie énergétique en Suisse, assurent les chercheurs de l'EPFL, associés pour l'occasion avec l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL).
Une provocation?
"Nous savons que ce scénario est provocateur. Nous voulions toutefois mener la réflexion jusqu'au bout afin de montrer la voie la plus efficace, même si elle semble radicale, tout en sachant que le monde politique choisira une voie médiane", note Jérôme Dujardin, premier auteur de l'étude.
Le modèle a été élaboré en tenant compte de la topographie suisse, des microclimats ou encore des questions de stockage de l'énergie hydraulique. D'autres paramètres ont été ajoutés, comme le fait de garder une distance minimale de 500 mètres entre les nouvelles éoliennes et les habitations, d'éviter les glaciers, les fortes pentes, les forêts et le parc National et, en ce qui concerne les panneaux solaires, les versants orientés au nord.
ats/vic