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Yves Daccord: "on va assister à un Metoo sur les données numériques"

Reconnaissance faciale, intelligence artificielle ou bigdata: la technologie numérique permet dʹaller de plus en plus loin dans le contrôle des individus. [Depositphotos - welcomia]
Surveillance numérique et éthique / Tribu / 26 min. / le 31 mai 2021
L’ancien directeur général du CICR a fondé ce printemps à Harvard, aux Etats-Unis, le Edgelands Institute, un institut éphémère qui se penche la surveillance numérique. Yves Daccord estime qu’il est urgent d’avoir un vrai débat démocratique sur les questions que posent la reconnaissance faciale, l’intelligence artificielle ou le bigdata.

"On vit dans une période où l’on parle de beaucoup de choses, sauf d'un des éléments-clé qui nous unit de plus en plus, c’est le fait qu’on est connecté partout et qu'on échange des données", constate Yves Daccord lundi dans l'émission Tribu de la RTS.

"Ce qui est le plus intéressant, c'est qu'il n'y aucun débat sur cette question-là. Je suis profondément convaincu qu'il faut de nouvelles règles du jeu, réfléchir à une nouvelle grammaire commune. "

Pour Yves Daccord, les Etats ont pour l'instant échoué à s'entendre entre eux sur ces questions-là. Mais il estime que des opportunités vont se dessiner entre le secteur privé et public. "On n’est pas loin d’un Metoo sur les données. Metoo a changé fondamentalement la façon dont on interagit entre hommes et femmes. Je suis assez convaincu que sur la question des données, on va assister à des mouvements assez similaires."

Mark Zuckerberg en tête de liste

Et quel sera le Harvey Weinstein du numérique? "Il est déjà là. C'est Mark Zuckerberg. Sans aucun doute. Mais ce qu'on va découvrir, c'est qu'il n'y en a pas qu'un."

Le Edgelands Institute s'intéresse particulièrement aux villes, laboratoires de la modernité. L'institut, qui se veut limité dans le temps, va travailler avec des agglomérations comme Beyrouth, Chicago, Genève, Medellin, Nairobi et Singapour.

Julien Magnollay

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