Des images du télescope Hubble l'été dernier ont pointé un coupable potentiel: l'éjection par l'étoile d'une grande quantité de matière. Celle-ci aurait ensuite formé un nuage en se refroidissant au contact du vide intersidéral. Mais selon les conclusions de l'équipe internationale d'astronomes, publiées mercredi dans Nature, la baisse de luminosité de Bételgeuse, qu'elle a depuis retrouvée, pourrait résulter simplement d'une tache ponctuelle plus froide et donc moins lumineuse à la surface de l'étoile.
"Nous avons conclu que le 'grand pâlissement' résultait de la combinaison de ces deux phénomènes", explique Miguel Montargès, astronome et principal auteur de l'étude, qui a utilisé le très grand télescope de l'observatoire européen austral (ESO), au Chili. Bételgeuse "a émis un nuage de gaz, qui a commencé à s'en éloigner", précise-t-il. "Une baisse de luminosité à la surface de l'astre a fait tomber sa température, permettant au gaz de former de la poussière, qui a caché la lumière de l'étoile".
Un astre en fin de vie
Cette "super géante rouge", située dans la constellation d'Orion, est visible à l'oeil nu et fait partie des plus brillantes étoiles de la galaxie. Cinq mois durant, de novembre 2019 à mars 2020, elle a pâli de façon spectaculaire, en perdant 70% de sa luminosité. Des astronomes avaient supposé à l'époque que l'évènement présageait la fin prochaine de Bételgeuse. "Plus une étoile est grosse, plus sa vie est courte", rappelle Miguel Montargès. Avec un âge estimé autour des 9 millions d'années, "elle est déjà mourante, alors que notre soleil, qui sera encore là dans quelques milliards d'années, l'a vu naître et la verra mourir".
A terme, avec le ralentissement brutal de la fusion, le coeur Bételgeuse s'effondrera sur lui-même, avant d'exploser avec un éclat aussi brillant qu'une galaxie. Cet événement, appelé supernova, n'a plus été observé dans la Voie lactée depuis des siècles.
>> Une vidéo en anglais sur la future supernova Bételgeuse
ats/thur