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Le sommeil des fumeurs serait moins réparateur, selon une étude

Le sommeil des personnes fumeuses est moins réparateur. [depositphotos - eugenesergeev]
Les fumeurs ne dorment que dʹun œil / CQFD / 11 min. / le 22 juin 2021
Tout le monde le sait et les paquets de cigarettes ne cessent de le marteler: fumer constitue un danger pour sa santé et pour celle de son entourage. Mais ce que l'on sait moins, c'est que fumer nuirait aussi à la qualité de son sommeil, comme le révèle une étude menée par des spécialistes du CHUV à Lausanne.

Voilà un nouvel argument qui pourrait encourager les fumeurs à arrêter: la cigarette aurait un impact sur la qualité du sommeil. Autrement dit, le repos des fumeurs serait moins profond et moins réparateur que celui des non-fumeurs.

C’est en tout cas ce que soutient une recherche menée par des spécialistes de médecine interne du CHUV à Lausanne qui ont récemment publié leurs résultats dans le journal en ligne Sleep Medicine.  A noter qu'ils se sont appuyés sur l’analyse statistique rigoureuse des données de la cohorte lausannoise du sommeil CoLaus/HypnoLaus.

Quelque 3200 participants

Sur les 3200 participants à l'étude, classés en trois catégories - fumeurs, anciens fumeurs et non-fumeurs -, près de la moitié d'entre eux ont accepté de se soumettre à une polysomnographie, comme le souligne Minh Khoa Truong, médecin assistant au service de pneumologie du CHUV et premier auteur de cet article sur l’impact du tabagisme sur le sommeil.

"Il s'agit d'un examen qui analyse la physiologie du sommeil avec des capteurs qui sont posés sur vous pendant que vous dormez", souligne-t-il au micro de l'émission CQFD, précisant que ce procédé permet notamment d'observer les mouvements respiratoires, l'oxygène dans le sang et l'activité cérébrale du patient.

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Activité cérébrale plus rapide chez les fumeurs

Principal résultat de l'étude: la microstructure du sommeil n'est pas la même entre un fumeur et un non-fumeur, comme le relève le spécialiste. "C'est-à-dire que les fumeurs ont une activité cérébrale durant le sommeil qui est plus rapide que chez les non-fumeurs, s'approchant plus de l'éveil que du sommeil profond."

Mais chose encore plus remarquable: il n'y aurait pas de différence de profil d'activité cérébrale entre ancien fumeur et ceux qui n'ont jamais fumé. "Ceci nous laisse suggérer que l'arrêt du tabac permettrait de normaliser l'activité cérébrale durant le sommeil", poursuit Minh Khoa Truong.

A noter que la quantité de cigarettes fumées durant la journée aurait également un effet sur le sommeil. "Autrement dit, plus vous fumez, moins profondément vous dormez", note-t-il.

Nicotine pointée du doigt

Parmi les très nombreuses composantes de la cigarette, la nicotine serait le principal responsable de ce mécanisme. "On sait que la nicotine a un effet excitateur. Elle active les centres d'éveil durant le sommeil et désactive les centres qui favorise le sommeil", continue le médecin. Selon lui, la cigarette électronique, dans laquelle de la nicotine est présente, n'aiderait donc en rien. "Elle aurait aussi un impact sur le sommeil, mais ça reste encore à étudier plus précisément."

Propos recueillis par Stéphane Délétroz

Adaptation web: Fabien Grenon

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