Vous l'avez probablement lu ou entendu: l'Allemagne fait face à "sa pire catastrophe naturelle depuis la guerre". Mais peut-on encore parler de catastrophe "naturelle"?
De moins en moins, selon Martine Rebetez, professeure de climatologie à l'Université de Neuchâtel, interrogée dans La Matinale de la RTS mercredi: "C'est une catastrophe qui est due aux forces de la nature, mais cette nature a été transformée".
Même s'il est difficile de trouver une nouvelle appellation, il est nécessaire d'adapter notre lexique climatique et nos mesures de prévention, a encore expliqué Martine Rebetez: "La force de la catastrophe qui a frappé l'Allemagne, c'est quelque chose de jamais vu. En Belgique non plus, on n'a jamais vu de telles inondations. Donc aujourd'hui, avec le changement climatique, on entre de plus en plus dans des conditions qui ne sont plus celles qu'on connaissait avant".
La conséquence des mots
Pour la linguiste Kjersti Fløttum, professeure à l'Université de Bergen, parler de crise ou de catastrophe est pertinent pour donner l'alerte, mais il faut aussi penser aux conséquences des mots.
"C'est plus important d'orienter la communication vers les solutions, vers l'atténuation des changements climatiques. Ce n'est peut-être pas le mieux d'utiliser les termes les plus dramatiques - crise, catastrophe, collapse, etc. -, parce que si ça fait penser que c'est quelque chose de trop grand, trop complexe, trop difficile, ça peut mener à une sorte d'apathie, on peut rien faire."
Pour elle, le changement climatique - phénomène physique - est aussi devenu un phénomène politique, social et culturel.
pr/lan