Ce projet aux allures futuristes, nommé Laser Lightning Rod, est mené par une équipe de chercheuses et de chercheurs européens de l'Université de Genève. Grâce à ce canon laser ultra-puissant, ils entendent en effet dévier la foudre.
Près de 30 tonnes de matériel ont été acheminées à la mi-mai jusqu'au sommet des Préalpes appenzelloises pour construire cet énorme prototype de paratonnerre géant à longue distance.
Aujourd'hui, pour se protéger de la foudre, on utilise des paratonnerres métalliques au rayon d’action limité. Mais grâce à ce laser conducteur, la foudre serait directement captée dans les nuages à des kilomètres d'altitude puis déviée vers un paratonnerre. La zone protégée serait ainsi décuplée.
Protéger de larges zones
Le laser lui-même mesure huit mètres de long et deux mètres de large. Il crée des canaux ionisant dans l'atmosphère, agissant à la manière d'un paratonnerre virtuel capable de rediriger la foudre.
Le but du projet est de protéger des sites sensibles, soit des aéroports, des rampes de lancement pour satellites, ou même des grands rassemblements sur de grandes surfaces, tels que les Jeux olympiques par exemple, explique le physicien de l'Université de Genève Jean-Pierre Wolf, à l'origine du projet.
Ce canon tire des flashs laser, amplifiés trois à quatre fois. "Sa cadence est extrêmement courte, mais son intensité lumineuse est très très élevée. Elle équivaut à la puissance combinée d’une centaine de centrales nucléaires", détaille Clemens Herkommer, ingénieur sur le projet.
Un marché prometteur
Pourtant, la consommation électrique de ce paratonnerre laser reste limitée. Son prix, par contre, est stratosphérique: plusieurs centaines de milliers de francs. Mais pour ses inventeurs, le marché s’annonce prometteur.
"Il faut savoir quand même que la foudre, c’est cinq milliards de dollars de coûts associés en dommages par an aux Etats-Unis, et pareil en Europe", souligne encore Jean-Pierre Wolf. Chaque année, 6000 à 24'000 personnes sont tuées par la foudre dans le monde, précise en outre l'Unige dans un communiqué.
Les scientifiques perchés sur le Säntis espèrent pouvoir tirer leur premier coup de canon ce week-end, et tenter de dévier un éclair. Car le Säntis est l'un des endroits les plus foudroyés en Europe.
Julien Guillaume/jop