Pourquoi le vaccin protège davantage contre les formes graves que bénignes du Covid?
Des études préliminaires menées par les laboratoires pharmaceutiques montrent que le vaccin contre le Covid-19 est particulièrement efficace pour lutter contre les formes sévères de la maladie. Il permet ainsi avant tout d'éviter les hospitalisations et les décès.
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Dans le milieu médical, on estime que les infections graves au SRAS-Cov-2 correspondent à "des formes de Covid qui amènent les patients à l'hôpital", en soins intermédiaires ou en soins intensifs, selon Jérôme Pugin, médecin-chef du Service des soins intensifs aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). "C'est généralement synonyme de besoin augmenté en oxygène."
Ce sont donc des infections qui touchent le coeur du système respiratoire. La maladie sous sa forme sévère se développe quand le virus, qui entre dans notre organisme par la bouche ou par le nez, atteint les poumons et se multiplie au point de menacer le fonctionnement de la respiration.
Légèrement moins efficace pour les symptômes légers
Avant d'arriver à ce stade, les patients peuvent développer des formes plus légères dues à ce coronavirus. Celles-ci affectent principalement les voies aériennes supérieures, sans menacer toutefois la fonction vitale des poumons. Il peut s'agir notamment d'un rhume, une perte de goût ou d'odorat, ou encore des maux de tête.
Pour ce type de symptômes, la vaccination contre le Covid-19 est un peu moins efficace. Cela est dû au mode d'administration du vaccin. Avec des injections intramusculaires dans le bras, une réponse immunitaire générale du corps est provoquée. Le système immunitaire va alors reconnaître le pathogène et lutter contre sa multiplication particulièrement là où il pourrait poser problème, soit au niveau des voies respiratoires.
Toutefois, lorsque le virus s'introduit par le nez ou la bouche, il entre en contact avec les cellules qui tapissent les voies aériennes et qui fonctionnent avec un autre type d'immunité que celles du centre du corps. Cette différence explique donc que le virus puisse parfois se développer localement malgré une vaccination.
"Lorsque vous vous faites infecter naturellement, vous développez une immunité locale, puis générale avec des anticorps qui circulent", explique le responsable du programme de vaccination vaudois Blaise Genton. "Lorsque vous vous faites vacciner par voie intramusculaire, les anticorps vont circuler, mais pas l'immunité locale. La concentration d'anticorps est en revanche supérieure, donc la protection est aussi bonne, voire meilleure qu'avec l'infection naturelle."
Réduction de la transmission du virus
Cette immunité locale manquante est également la raison pour laquelle il n'est pas possible de garantir qu'une personne vaccinée ne transmette pas le virus. C'est pourquoi il est demandé aux personnes vaccinées de continuer à respecter les gestes barrières.
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Une récente étude menée par l'Institut Pasteur indique toutefois qu'une personne vaccinée "a douze fois moins de risque de transmettre le SRAS-CoV-2 qu'une personne non vaccinée", en raison de la quantité d'anticorps garantie par la vaccination.
Ainsi, le vaccin contre le Covid-19 ne permet pas d'écarter complètement le risque de contagion, mais il brise tout de même une grande partie des chaînes de transmission, ce qui permettra, à terme, de freiner l'évolution de l'épidémie au sein de la population.
Sophie Iselin/iar