Pas besoin d'aller sur le Dark web pour trouver des logiciels espions. Il en existe des dizaines accessibles en quelques clics. Des applications légales dans le cadre d'un contrôle parental ou d'employés. Mais complètement illégalles lorsqu'elles sont installées à l'insu de la personne surveillée.
C'est ce qui s'est passé pour une jeune femme interrogée jeudi par le 19h30. Celle-ci a préféré témoigner anonymement. D'après un rapport d'expertise informatique, le logiciel installé sur son ordinateur permettait à son ex-conjoint d'accéder à ses messages, sa caméra, son micro, son clavier et à toutes ses données.
"Mon ex-conjoint m'a avoué qu'il avait installé un logiciel espion sur mon téléphone et mon ordinateur. C'était un peu confus, dans le cadre d'une dispute. J'ai presque eu un sentiment de viol, c'est-à-dire d'être totalement à découvert dans tout ce que j'avais de plus intime et aussi d'administratif, de professionnel. Il y a aussi un sentiment d'emprisonnement, un peu comme de vivre derrière un miroir sans tain", confie la jeune femme.
Besoin d'expertises
Ce type de cyberharcèlement est de plus en plus fréquent. Une entreprise genevoise de cybersécurité contactée par la RTS reçoit un à deux appels par jour, majoritairement de femmes victimes d'espionnage. Mais pour prouver les faits, le téléphone ou l'ordinateur doivent être expertisés.
"C'est difficile de savoir combien de gens sont victimes de ce genre d'attaques étant donné que la majorité ne s'en rend pas compte. Mais on voit qu'il y a une grande croissance, rien que dans le nombre de logiciels disponibles. Mais aussi avec des actions comme Pegasus ou tout d'un coup on en parle, cela donne des envies aux gens d'utiliser ça dans leur contexte privé ou professionnel", indique Steven Meyer, directeur de ZENDATA.
"Aller de l'avant"
En Suisse, ces apprentis espions risquent jusqu'à trois ans de prison. Mais les plaintes restent rares. La majorité des victimes préfèrent changer de téléphone plutôt que de payer un rapport d'expertise.
"C'est uniquement avec ce rapport que j'ai pu savoir ce qui s'était passé, comment je pouvais aller de l'avant et avoir un élément de preuve pour la suite", livre la jeune femme victime d'espionnage.
La preuve d'un phénomène en pleine expansion. Au niveau mondial, on estime que des centaines de milliers de personnes sont victimes de surveillance numérique sans le savoir.
Fanny Moille/gma
Comment savoir si votre téléphone est espionné?
Par définition discret et caché, il est très difficile de repérer un logiciel espion. Mais il existe plusieurs signes qui doivent vous alerter
- Surveillez votre batterie. Si elle a tendance à se décharger plus rapidement que d’habitude, c’est peut-être qu’un logiciel fonctionne en arrière-plan.
- Vérifiez les autorisations des applications dans les paramètres de votre téléphone, notamment l’accès au micro, à la caméra et à la géolocalisation. Si vous n’avez pas souvenir d’avoir installé vous-même une application, il s’agit peut-être d’un logiciel caché.
- Si vous trouvez un logiciel de ce type, prudence avant de le supprimer. La personne qui l’a installé sera automatiquement notifiée et pourrait devenir violente, notamment dans les cas d'espionnage matrimonial.
Que faire pour se prémunir d'un logiciel espion?
Vous pouvez prendre plusieurs précautions pour éviter d'être espionné via un logiciel.
- Ne partagez jamais vos codes et mots de passe.
- Vérifiez régulièrement les applications installées sur votre smartphone.
- Mettez à jour vos logiciels et évitez de télécharger en dehors de l’Apple Store, Google Play et Windows Store.