La mission Perseverance confirme l'intérêt de chercher des traces de vie sur Mars
Parmi les découvertes issues des relevés du rover Perseverance, arrivé sur la planète Mars au mois de février 2021, on observe des preuves d'épisodes hydrologiques divers, dont un cratère de 35 kilomètres de diamètre qui a pu accueillir, il y a 3 milliards d'années, un lac d'une taille comparable au Lac Léman.
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Ces résultats sont particulièrement encourageants, se réjouit dans Forum Sylvia Ekström, astrophysicienne à l'Observatoire d'astronomie de l'Université de Genève. D'une part car ils confirment l'intérêt de la mission. D'autre part parce qu'ils vont permettre de cibler plus finement les endroits où Perseverance devra prélever ses échantillons.
Cibler les sites idéaux
"Ce qu'on cherche, c'est éventuellement des échantillons d'endroits où la vie aurait pu se développer sur Mars, et pour ça on cherche des sédiments d'un endroit où il y a eu de l'eau", explique la chercheuse.
Mais comme les épisodes hydrologiques sont complexes et fluctuants, il faut arriver à cibler plus précisément les sites idéaux sur lesquels Perseverance pourra prélever des sédiments à ramener sur Terre, pour y chercher des traces de vie.
Si de telles traces étaient découvertes, elles constitueraient un indicateur important sur les conditions d'apparition de vie dans l'univers. Car si l'on sait aujourd'hui que l'eau est une condition nécessaire à l'apparition des formes de vie telles qu'on les connaît sur Terre, l'inverse n'est pas acquis: on ne sait pas encore si la présence d'eau implique forcément l'apparition de vie.
Un univers abondant de vie?
"C'est un peu la question à laquelle on essaie de répondre, qui nous pousse à aller explorer Mars", indique Sylvia Ekström. "On essaie de voir si le peu de temps où Mars a eu de l'eau liquide à sa surface a suffi pour que quelque chose se développe".
Si tel était le cas, cela pourrait suggérer que la vie peut démarrer "relativement facilement", et donc qu'elle serait peut-être "très courante dans l'univers", estime l'astrophysicienne. Et, évidemment, l'absence de preuve n'est pas preuve de l'absence, rappelle-t-elle. "Si on ne trouve rien, c'est peut-être aussi qu'on n'a pas cherché au bon endroit".
>> Pour aller plus loin: l'étude publiée dans Science
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Propos recueillis par Mehmet Gultas
Texte web: Pierrik Jordan
Creuser sous la surface martienne
La disparition de l'eau à la surface de Mars n'est pas liée à la température, mais également à la pression. Or, la planète rouge n'est pas assez massive pour arriver à conserver une atmosphère, explique encore Sylvia Ekström. Ainsi, actuellement, "Mars a complètement perdu ses éventuelles conditions favorables pour héberger la vie".
Désormais, une prochaine étape pour trouver des traces propres de vie nécessitera de creuser sous la surface. En effet, le sol martien est très abrasif et irradié, détruit par les rayonnements du soleil en l'absence d'atmosphère protectrice.