L'analyse d'anciens étrons montre qu'on mangeait déjà du fromage bleu il y a 2700 ans
Les excréments ne font habituellement pas de bonnes traces archéologiques, parce qu'ils se décomposent trop vite. Sauf dans certaines conditions particulières, comme celles qui règnent dans les mines de Hallstatt, en Autriche – le plus ancien lieu d'extraction minière du sel qu'on ait identifié à ce jour, notamment grâce à un piolet de mineur en corne de cerf, vieux de 7000 ans.
Le froid et la salinité élevée ont permis de conserver plusieurs échantillons de déjections fécales humaines, qui vont de l'âge du Bronze jusqu'au XVIII siècle.
Leur examen par une équipe de l'Institut d'études des momies de Bolzano et du Museum d'histoire naturelle de Vienne confirme qu'il s'agit de précieuses sources d'information.
Alimentation variée
Ces travaux, publiés hier par la revue Current Biology, montrent que nos ancêtres avaient un régime très riche en fibres et glucides. Leur alimentation était principalement constituée de céréales complétées par des protéines de fèves et, occasionnellement, des fruits, des noix ou des produits d'origine animale. Ce régime essentiellement basé sur des plantes a d'ailleurs perduré jusqu'au XVIII siècle.
Mais c'est la présence en abondance de deux champignons – les Penicillium roqueforti et Saccharomyces cerevisiae – dans un échantillon datant de 2700 ans qui a tout particulièrement attiré l'attention des scientifiques. Ces deux micro-organismes sont utilisés encore aujourd'hui pour faire du fromage bleu et de la bière. D'après Frank Maixner, chercheur à l'Institut d'étude des momies de Bolzano, dans le Tyrol, il s'agit de la première preuve moléculaire de la consommation de ce genre de produits pendant l'âge du Fer en Europe.
Sujet radio: Lucia Sillig
Adaptation web: ami