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Prometteur pour l'environnement, le marché des insectes comestibles peine à décoller

L'élevage d'insectes destinés à la consommation, un secteur qui peine à décoller (vidéo)
L'élevage d'insectes destinés à la consommation, un secteur qui peine à décoller (vidéo) / L'éclairage d'actualité / 3 min. / le 14 octobre 2021
Les insectes ont souvent été présentés comme la nourriture du futur. En 2017, la Suisse devenait le premier pays européen à en autoriser l'élevage et la commercialisation. Mais dans les faits, le secteur n'a toujours pas décollé.

"Super protéines de demain", alternatives idéales à la viande tant sur le plan écologique que nutritif, les insectes devaient révolutionner nos habitudes alimentaires. Mais quatre ans après l'autorisation en Suisse de l'élevage et la vente des vers de farine, des grillons et des sauterelles comestibles, ces promesses s'estompent.

Les produits peinent à convaincre, le marché reste trop petit, au point que Migros a même décidé tout récemment de cesser de commercialiser ces insectes en sachet. De son côté, Coop persévère mais reconnaît que ça reste "un marché de niche". À l'heure actuelle, la Suisse compte seulement deux fermes à insectes, et seule une douzaine de petites entreprises sont actives dans le secteur.

>> Réécouter le reportage d'Ici la Suisse sur les insectes comestibles :

Ici la Suisse.
Ici la Suisse - Les insectes comestibles / Ici la Suisse / 5 min. / le 11 octobre 2021

Néophobie alimentaire

Jean-Yves Cuendet, patron de l'entreprise vaudoise Entomos, est à l'origine de la première ferme à insectes. Il admet que les entreprises ont sous-estimé l'aversion des Suisses pour ces petites bêtes. "On a affaire à des éléments culturels. Les insectes étaient considérés jusqu'ici comme des nuisibles", déplore-t-il.

Les habitudes alimentaires ont la vie dure, l'humain aime manger ce qu'il connaît. Cela expliquerait notamment pourquoi, à l'inverse des insectes à croquer, nous accepterions plus facilement de consommer de la "fausse viande".

"Que ça soit de la viande de synthèse à base de cellules ou des fausses viandes végétales, on doit trouver des choses qui rassurent et qui limitent la néophobie alimentaire, qui est une protection naturelle de l'organisme", explique Sidonie Sabbi, maître d'enseignement en nutrition à la Haute école de santé de Genève. "Parfois, il faut une génération pour rendre un aliment acceptable dans une communauté", prévient-elle.

Ainsi, le défi pour les entreprises est de réussir à convaincre progressivement celles et ceux qui ont déjà grignoté un insecte à l'heure de l'apéro, et qui ont été séduits, d'intégrer les vers de farine ou les grillons à leur alimentation quotidienne. Mais cela pourrait donc prendre du temps.

Peu de pub

Dans cette perspective, le rôle de l'information sur les bienfaits de cette alimentation, hautement protéinée et très peu coûteuse pour l'environnement, est central. Or, selon l'ancienne conseillère nationale vert'libérale Isabelle Chevalley, qui a porté au Parlement les projets de légalisation des insectes, il manque un lobby efficace de cette filière. Car pour l'heure, "il n'y a aucune communication, aucune publicité à la télévision ni dans les journaux pour consommer des insectes", regrette-t-elle.

En attendant, un secteur connexe pourrait tout de même se développer rapidement, puisqu'il génère moins de résistance: la production de nourriture à base d'insectes pour animaux d'élevage omnivores, voire pour les animaux domestiques.

Cependant le marché progresse rapidement à l'étranger et les prix à la production sont pour l'heure trop élevés en Suisse pour être concurrentiels à l'international.

Céline Fontannaz/jop

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