En janvier, l'application Telegram a gagné 25 millions d'utilisateurs en seulement 3 jours. Son concurrent WhatsApp annonce à cette époque le changement de ses conditions d'utilisation et le partage d'un plus grand nombre de données avec sa maison-mère Facebook (aujourd'hui Meta).
C'est le début d'une grande migration dans le monde des messageries cryptées. Elle trouve son apogée en octobre avec la panne de WhatsApp. Telegram accueille alors 70 millions de clients supplémentaires. L'application compte désormais plus de 500 millions d'utilisateurs.
Cet afflux d'utilisateurs fait grimper les dépenses de l'entreprise, notamment en matière d'équipement et de bande passante. Jusqu'à présent, le fondateur Pavel Durov comblait les trous dans les comptes, avec sa fortune estimée par Forbes à plus de 15 milliards de francs.
Aujourd'hui, Pavel Durov estime que son projet a besoin de "quelques centaines de millions de francs par an" pour continuer. Fin octobre, il lance donc sa plate-forme publicitaire. Il est désormais possible de voir passer une pub, si on suit une chaîne ouverte.
Changement de vision
Pour l'instant, la publicité dans les conversations ou les groupes privés n'est pas prévue, tout comme le ciblage publicitaire en rapport avec les données personnelles. Cette semaine, Telegram est allé encore plus loin. L'entreprise veut lancer un abonnement qui permettra de masquer la pub. On ne connaît pas encore son prix.
Ce passage à la publicité marque un changement dans la philosophie de l'application. Telegram incarne l'esprit libertaire. L'anonymat est roi. Il n'y a normalement pas de partage de données avec les autorités, ni de modération.
Son créateur Pavel Durov a fondé le réseau social VK, une sorte de Facebook russe, et s'oppose régulièrement à Vladimir Poutine. Dans un premier temps, il a tenté de créer une crypto-monnaie pour financer son application. Après avoir récolté un milliard et demi de francs, la justice américaine a interdit son jeton. Le fondateur a dû renoncer au projet et rendre l'argent.
Pascal Wassmer
Payer tous les mois pour suivre son créateur préféré
Dans cette course à la monétisation des réseaux sociaux "gratuits", un nouveau modèle émerge: l'abonnement payant à un créateur de contenus. C'est le modèle choisi par la plate-forme de streaming en direct Twitch. Les "subs" permettent de profiter des avantages octroyés par son streamer préféré.
Twitter vient de se lancer avec les Super Follows. Vous payez un abonnement mensuel pour avoir accès à du contenu supplémentaire. Instagram (propriété de Meta) devrait également proposer prochainement des abonnements payants. Selon le site techcrunch, Instagram a récemment ajouté à son application américaine des options d'achats intégrés destinées aux "abonnements Instagram".