Brunella a tenté l'expérience au Centre dʹinvestigation et de recherche sur le sommeil (CIRS) du CHUV. Au total, 257 électrodes ont été placées sur sa tête et sur ses joues le temps d'une nuit, afin de capter l'activité électrique du cuir chevelu.
"Le fait d'avoir tout le tour de la tête permet, avec des algorithmes, de retrouver l'origine de cette activité à l'intérieur du cerveau. C'est ce qu'on appelle la reconstruction de sources", explique une chercheuse.
Afin d'obtenir un signal le plus clair possible, du gel de contact est inséré dans la "ventouse" des électrodes avant qu'ils soient placés contre la tête des cobayes.
Une fois les patients et patientes endormis dans une salle, les scientifiques s'attellent de l'autre côté aux mesures des signaux cérébraux. "On va voir défiler sur l'écran l'activité cérébrale qu'on enregistre avec un électroencéphalogramme à haute densité et on va regarder comment l'activité cérébrale change au cours du sommeil", relate la neurologue et directrice de la recherche Francesca Siclari.
Un espoir pour l'avenir
La nouveauté de la technique réside dans le fait de pouvoir déterminer à quel endroit du cerveau l'activité se manifeste. "On arrive à faire une cartographie relativement précise de l'activité cérébrale au cours du sommeil. Avec tous ces électrodes, c'est vraiment le phénomène du sommeil local qu'on est en train d'explorer", précise Francesca Siclari.
Ainsi, si des personnes rêvent d'un visage, la zone des visages dans le cerveau s'active, de la même manière qu'elle le fait lorsqu'on reconnaît un visage en étant éveillé.
Selon la neurologue en charge du projet, dans les prochaines années, "il sera probablement possible de savoir en temps réel si quelqu'un est en train de rêver d'un visage ou d'un endroit. Le défi est surtout technique à ce stade". Quant à savoir s'il sera possible un jour de pouvoir décrire précisément tout un rêve, Francesca Siclari est plus prudente, mais tout de même confiante: "Si je devais deviner, je dirais que oui".
Avoir la capacité de lire les rêves pourrait ainsi être utile pour mieux traiter les personnes souffrant de pathologies associées à ce phénomène, telles que les cauchemars chroniques ou le somnambulisme.
Sujet radio: Bastien Confino
Adaptation web: iar