Alerte à la Station spatiale après un tir de missile antisatellite par la Russie
Les sept membres de l'équipage de la station spatiale – quatre astronautes américains, un spationaute allemand et deux cosmonautes russes – ont reçu l'ordre de s'abriter dans les capsules de leur vaisseau spatial pendant deux heures après l'essai, par mesure de précaution, afin de pouvoir s'échapper rapidement si nécessaire, a indiqué la NASA.
Le laboratoire de recherche, en orbite à environ 402 km au-dessus de la Terre, a continué à passer à travers ou près de l'amas de débris toutes les 90 minutes, mais les spécialistes de la NASA ont déterminé que l'équipage pouvait retourner à l'intérieur de la station en toute sécurité après le troisième passage, a indiqué l'agence américaine.
Sept personnes se trouvent actuellement à bord de l'ISS, soit quatre astronautes Américains, un Allemand et deux cosmonautes russes.
Washington et la Nasa condamnent
Lundi, "la Russie a conduit de façon irresponsable un test destructeur de missile antisatellite à ascension directe à l'encontre de l'un de ses propres satellites", a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans un communiqué.
"Je suis scandalisé par cette action irresponsable et déstabilisatrice", a déclaré dans un communiqué le patron de l'agence spatiale américaine, Bill Nelson. "Il est impensable que la Russie mette en danger non seulement les astronautes américains et des partenaires internationaux dans l'ISS, mais aussi ses propres cosmonautes."
Moscou confirme, mais nie tout danger
Après une journée de silence, le ministère russe de la Défense a finalement reconnu mardi avoir procédé "avec succès" à ce tir contre un engin spatial de type Tselina-D, inactif et en orbite depuis 1982, sans préciser quelle arme avait été employée. Le ministre Sergueï Choïgou a même jugé que ce test avait été "un bijou".
Mais le ministère a dénoncé les accusations "hypocrites" de Washington quant au danger que représenteraient les débris. "Les Etats-Unis savent pertinemment que ces fragments (...) ne présenteront aucune menace", a-t-il soutenu dans un communiqué.
Le tir russe n'est pas une première
Des tirs antisatellites ont déjà été menés par seulement quatre nations (Etats-Unis, Chine, Inde et Russie). Ils sont très critiqués à cause des nombreux débris générés, qui deviennent de dangereux projectiles.
Ils peuvent alors notamment heurter les milliers d'autres satellites en orbite, sur lesquels les pays comptent pour de très nombreuses activités, par exemple de communication ou encore de localisation.
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Un "test militaire"
Pouvoir détruire des satellites d'autres pays peut donc se révéler un atout militaire stratégique.
"Des événements de débris causés par des tests antisatellites n'arrivent pas souvent, le dernier était un test indien" en mars 2019, a rappelé l'astronome Jonathan McDowell interrogé par l'AFP.
La destruction de l'appareil "n'était absolument pas nécessaire", a jugé le spécialiste. "Il s'agit purement d'un test militaire." "Nous avons déjà beaucoup trop de débris là-haut pour délibérément en générer d'autres, c'est inexcusable", a-t-il ajouté.
Selon lui, certains débris provoqués par ce test se désintégreront en entrant dans l'atmosphère "dans les mois qui viennent", mais d'autres pourraient rester en orbite pendant dix ans.
agences/cab