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Un test sérologique positif donne désormais trois mois d'accès au certificat Covid

Depuis mardi, les tests sérologiques permettent d'obtenir le pass Covid durant 3 mois, mais uniquement sur sol suisse
Depuis mardi, les tests sérologiques permettent d'obtenir le pass Covid durant 3 mois, mais uniquement sur sol suisse / 19h30 / 2 min. / le 16 novembre 2021
Depuis ce mardi, les personnes pouvant prouver qu'elles ont attrapé le Covid en présentant un test sérologique pourront bénéficier d'un certificat Covid durant 90 jours. Un passe-droit très attendu, mais qui n'est valable qu'en Suisse.

Ce mardi 16 novembre était une date très attendue pour beaucoup de personnes persuadées d'avoir contracté le Covid-19. Sans test PCR positif, il n'était jusqu'ici pas possible d'obtenir un certificat Covid.

Aujourd'hui, au laboratoire BBV de La Chaux-de-Fonds, comme dans beaucoup d'autres probablement, les machines tournaient à plein. "J'attends cette possibilité depuis longtemps, parce que j'ai eu le Covid il y a presque un an. Et j'ai fait déjà deux tests sérologiques qui montrent que j'ai des anticorps. Mais à l'époque, je me suis isolé, sans faire de test PCR", raconte un patient, fatigué de devoir payer un test antigénique chaque fois qu'il veut aller au musée ou au cinéma.

Il n'est pas le seul. Cherti Taoufik, le directeur du laboratoire BBV, témoigne de l'engouement pour ces tests: "Depuis le début de la semaine, on a eu beaucoup d'appels de gens qui veulent des renseignements. Et ce matin, on a énormément de personnes qui sont venues pour un prélèvement sanguin."

Ces tests sérologiques coûtent entre 40 et 70 francs, à la charge du patient, et doivent être réalisés dans un laboratoire autorisé par Swissmedic. Ils peuvent se renouveler tous les trois mois, pour autant que le résultat reste positif.

Trois jours pour établir les règles

Pour mettre en place cette mesure décidée par le Conseil fédéral il y a moins de deux semaines, il a fallu faire très vite. Gilbert Greub, membre de la Société suisse de microbiologie, dit avoir eu seulement trois jours pour édicter des recommandations pour faire valoir les tests sérologiques.

"La première règle a été d'utiliser uniquement des tests réalisés par des laboratoires autorisés par Swissmedic, car ils se basent sur des techniques modernes. Le deuxième critère est d'avoir uniquement la présence d'anticorps durables IgG [les immunoglobulines G, elles jouent un rôle dans la réponse mémoire, qui permettraient une immunité persistant au moins trois mois, ndlr]. Finalement, ces tests doivent cibler les anticorps dirigés contre la protéine S, celle qui permet l'entrée du virus dans la cellule", explique le microbiologiste et spécialiste des maladies infectieuses au CHUV.

La concentration d'"anti-spike" doit être suffisamment élevée pour supposer une immunité. Car la protection diminue avec le temps. Une valeur butoir a été définie, au-delà de laquelle une personne sera considérée comme positive.

Une décision politique

Malgré ces gardes-fous, le certificat Covid ne garantit pas la protection de chaque individu: "Globalement, les gens qui ont des anticorps et qui se retrouveraient dans un cinéma seraient pour la plupart protégés. Donc si une personne est porteur du virus, il n'y aurait pas une grosse dissémination, avec un nombre de cas qui flamberait et qui mettrait à risque nos services de santé", illustre Gilbert Greub.

Dans ce sens, l'extension du pass Covid à la présence d'anticorps dans le sang fait pleinement sens pour l'épidémiologiste. Car elle suppose une protection, contrairement aux tests PCR ou antigéniques, qui ne servent qu'à établir une non-contagiosité à un instant donné.

Derrière cette nouvelle manière d'obtenir un certificat Covid, il y a surtout une décision politique de vouloir réunir un maximum de personnes vers un retour à la normalisation, estime l'épidémiologiste.

Encourager à la vaccination

Selon Manuel Schibler, médecin-adjoint au service des maladies infectieuses des HUG, il y aurait peut-être aussi un but plus ou moins caché: "Cette démarche est probablement aussi mise en place pour que la personne qui a envie de savoir si elle a été infectée ou pas, ait peut-être une certaine réaction par rapport à un résultat négatif. Cela pourrait être vu comme un encouragement à la vaccination."

Inversement, un résultat positif pourrait être vu comme l'opportunité de n'avoir besoin que d'une seule dose pour être totalement protégé.

Avant la Suisse, l'Autriche a été le premier pays à reconnaître la sérologie pour l'obtention du pass Covid. Mais face à la montée des cas, le concept a été abandonné il y a une semaine.

Car l'immunité conférée après une infection naturelle, surtout si elle date d'un certain temps, sera plus faible que la protection offerte par le vaccin.

Delphine Gianora, Feriel Mestiri

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