Pour endiguer les discours de haine, les médias sociaux modèrent de plus en plus les contenus sur leurs plateformes. Ils suppriment des contributions ou lancent des avertissements.
Cette procédure peut toutefois entrer en conflit avec la liberté d'expression. Les médiaux sociaux ont commencé à développer des stratégies dites de "counterspeech" qui visent à réduire les discours haineux par une confrontation directe avec les auteurs de ces messages. L'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) et l'Université de Zurich ont étudié cette méthode pour savoir si elle permet de désamorcer la haine sur internet.
Tests avec des tweets xénophobes ou racistes
Des chercheurs et des étudiants, sous la direction du professeur d'analyse politique de l'EPFZ Dominik Hangartner, ont mené une expérience sur Twitter. Ils ont répondu de manière visible pour le public à des utilisateurs qui avaient posté des tweets xénophobes ou racistes.
Ils ont retenu un échantillon de 1350 personnes réparties dans quatre groupes. Au premier groupe, ils ont répondu par un message destiné à susciter l'empathie comme "Les Afro-Américains souffrent vraiment quand les gens utilisent de telles expressions". Au deuxième groupe, ils ont averti des conséquences sociales possibles de leur tweet.
Au troisième groupe, ils ont envoyé un "meme" humoristique, par exemple un oiseau serrant le bec d'un congénère avec en dessous la phrase "Please stop tweeting" ("Arrête de gazouiller"). Le quatrième groupe a servi de contrôle.
L'empathie l'emporte mais sans grand effet
Il s'est avéré que seule une confrontation basée sur l'empathie a permis de réduire le discours haineux, dans une mesure toutefois relativement faible, rapportent les chercheurs zurichois dans la revue spécialisée PNAS. Au cours des quatre semaines suivantes, ce groupe a envoyé en moyenne 1,3 tweet xénophobe ou raciste de moins que le groupe de contrôle.
Les chercheurs ont aussi analysé la façon dont les utilisateurs ont réagi. Environ 15% ont répondu aux chercheurs, "la plupart de manière correcte, certains se sont même excusés", a indiqué Dominik Hangartner. Seule une infime partie a répondu dans un langage haineux.
ats/oang