Lancé d'abord aux Etats-Unis, puis dans quelques pays européens à la fin 2007, l'iPhone, ce petit accessoire à écran tactile, a chamboulé un marché alors dominé par les téléphones à clavier de Blackberry.
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Pour Nicola Nova, anthropologue des cultures numériques à la Haute-Ecole d'Art et de Design de Genève, au-delà de la nouvelle ergonomie, "ce qui est le plus fondamental, c'est d'avoir avec un soi un appareil avec lequel on a accès à internet en permanence". Une ouverture au monde qui n'a pas démultiplié nos contacts: "une des promesses initiales du numérique était de pouvoir rencontrer d'autres personnes, d'autres profils. Mais dans notre usage quotidien, c'est finalement une petite bulle de personnes à qui on a accès dans les relations de communication", explique Nicola Nova dans La Matinale.
Quinze ans après, l'appareil pèse toujours très lourd économiquement et représente plus de la moitié du chiffre d'affaires d'Apple. Mais il y a aussi "tout un écosystème qui s'est créé autour de cet appareil, lié à la musique, au streaming d'images et aux applications. Et c'est le segment qui croît le plus", explique Olivier Good, analyste-gérant chez Synapse Invest à Genève.
Grande forme économique
L’activité services (Apple Music, Apple TV, stockage de données iCloud, Apple Pay...) a vu son chiffre d’affaires multiplié par trois ces cinq dernières années. Avec 68 milliards de dollars de revenus entre 2020 et 2021, ce pôle représente près de 20% du chiffre d’affaires du groupe californien.
Mais l'iPhone reste bel et bien la poule aux oeufs d'or. Il a généré 191,9 milliards de dollars de chiffre d’affaires d’octobre 2020 à septembre 2021, alors que le total des ventes d'Apple a atteint 365,8 milliards.
Apple a d'ailleurs vu sa valeur en bourse dépasser brièvement les 3000 milliards de dollars le 3 janvier. Devenu, début août 2018, la première entreprise à passer le cap de 1000 milliards de dollars, 38 ans après son introduction en Bourse, Apple n'a eu besoin que de deux ans pour franchir 2000 milliards, puis 16 mois pour aller au-delà de 3000 milliards.
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Corollaire de cette bonne santé, le directeur général d'Apple, Tim Cook, qui a fêté en 2021 son dixième anniversaire à la tête du géant américain, a reçu 98,73 millions de dollars (91,1 millions de francs) en salaires (base inchangée à 3 millions), intéressement et actions (82 millions) l'an dernier, un record pour le patron.
Il s'agit d'une hausse de près de 570% par rapport à 2020, selon un document déposé jeudi auprès du gendarme boursier américain, la SEC.
"Potentiel colossal" annoncé en 2007
Les fonctions clés du smartphone, comme l'écran tactile, la connexion internet ou le GPS ont émergé dans les années 1990. Le premier téléphone présenté comme un smartphone, l'Ericsson 380, est sorti en 2000, en même temps que l'arrivée du Edge et de la 3G. Mais l'iPhone a véritablement démocratisé la tendance grâce à son interface via écran tactile, alors que les concurrents ne le proposaient pas ou de manière pas totalement aboutie.
Il a toutefois fallu attendre 2013 pour que les ventes mondiales de smartphones dépassent celles des téléphones portables ordinaires
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Sujets radio, Céline Fontannaz et Guillaume Meyer
Adaptation web, Caryl Bussy
Un marché toujours dominé par Samsung
Au troisième trimestre 2021, le marché des smartphones était toujours dominé par le géant coréen Samsung (23% des ventes), devant Apple (15%) et le chinois Xiaomi (14%), qui avait occupé la deuxième marche du podium au trimestre précédent, selon les chiffres du cabinet Canalys.
A noter que Huawei a disparu du top 5 cette année. Le chiffre d'affaires 2021 du géant chinois des télécoms s'est effondré de 29% sur un an (634 milliards de yuans, ou 90 milliards de francs) en raison des sanctions américaines.
En 2019, Washington avait placé le groupe sur liste noire pour l'empêcher d'acquérir des technologies américaines, indispensables à ses produits. L'administration Biden a maintenu ces restrictions.