Un imposant projet de tour a franchi une nouvelle étape cette semaine dans l’ouest lausannois : la tour Tilia à Prilly-Malley, qui dominera un quartier avec 4 autres édifices, dont la mise à l'enquête publique a commencé mercredi. Haute de 85 mètres pour 27 étages, elle sera composée de bois et de béton.
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A quelques encablures, la construction de la tour Malley Phare débutera cette année. Un peu plus petite - 60 mètres pour 14 étages - la tour est présentée comme la première tour en structure bois de Suisse.
"C'est un challenge. On n'a pas l'habitude dans le bois de relever ce genre de défis et on est ravis de s'y attaquer", explique dans Forum Matylda Benoist. Elle est ingénieure en construction bois au sein de l'entreprise JPF-Ducret et a participé la conception de la tour Malley Phare.
Mix entre béton et bois
Elle explique que le bois n'impose pas de limite de hauteur. "Tout est question de bonne conception, le bois peut réaliser des prouesses. Il faut juste garder en tête que comparé au béton, ce n'est pas toujours super pertinent. On ne peut pas juste faire un copier-coller des grandes constructions en béton et le passer en bois. Il faut réellement penser le projet en ayant en tête que c'est du bois et tout faire pour que ça fonctionne."
On ne peut pas juste faire un copier-coller des grandes constructions en béton et le passer en bois
Matylda Benoist précise que le béton est aussi utilisé au sein des construction en bois: "Pour des questions d'acoustique, on préfère souvent avoir de la masse. C'est pour ça que sur notre projet de tour, on utilise plutôt des dalles mixtes bois-béton, avec des solives en bois et une dalle en béton assez fine, qui permet juste d'apporter un peu de masse."
Les tour en bois sont plus légères que celles construites uniquement en béton. Mais l'ingénieure assure que c'est tout aussi solide. "Pour des charges données, on dimensionne tous nos éléments comme on ferait avec du béton ou du métal."
Quel risque face au feu?
Concernant le risque d'incendie, Matylda Benoist explique que le bois n'est pas du tout un problème: "Le bois, quand il brûle, il forme une couche de carbonisation tout autour qui permet de protéger et de garder une section intérieure saine. Et en tant qu'ingénieurs, on calcule cette section saine pour qu'elle résiste assez de temps lors d'un incendie."
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Matylda Benoist précise également que les constructions en bois n'ont pas une longévité moindre comparé aux autres structures. Bien au contraire, "ça fait des centaines d'années qu'on construit en bois, on a encore des tonnes de bâtiments dans toute l'Europe qui peuvent montrer que tant que le bois est bien utilisé au bon endroit, avec des projets biens conçus, il n'y a aucun problème de longévité." Et de conclure: "Ce qu'il faut, c'est protéger le bois des variations d'humidité."
Interview radio: Pietro Bugnon
Texte web: Antoine Schaub