Bientôt tous et toutes dans le metaverse?

Les annonces s'enchaînent: il ne se passe presque aucun jour sans qu'une grande entreprise ne se lance dans un nouveau projet de metaverse: Microsoft, Apple, Disney, Nike, Roblox… Ils veulent tous prendre part à cette révolution annoncée d'internet. Et sont prêts pour cela à investir des sommes vertigineuses. Rien que le groupe Meta (anciennement Facebook) a prévu d'y consacrer 10 milliards de dollars pour l'année 2022.

Pour rappel, le metaverse c'est cet univers virtuel parallèle qu'on nous promet d'ici quelques années. Cela ressemblera aux jeux vidéo multi-joueurs en ligne actuels, sauf qu'on pourra bien plus qu'y jouer. Le but, c'est qu'on puisse y exercer toutes les activités de nos vies quotidiennes: travailler, discuter, apprendre ou encore voyager.

De tels projets pouvaient encore paraître de la science-fiction il y a quelques années. Mais des avancées significatives dans plusieurs domaines font penser qu'on est peut-être sur le point d'entrer dans une nouvelle ère du web.

Il y a bien sûr les progrès technologiques, avec la miniaturisation par exemple des casques de réalité virtuelle et des lunettes de réalité augmentée. Mais aussi toutes les innovations qui concernent les échanges d'argent, notamment les cryptomonnaies. Un marché estimé déjà à plus de 3000 milliards de dollars, selon le site spécialisé Coingecko.

Ces nouvelles devises numériques utilisent la technologie de la blockchain: un système décentralisé où les transactions s'effectuent entre utilisateurs, sans passer par les serveurs d'une grande entreprise. Le metaverse pourrait se développer selon un schéma similaire, et donc privilégier les cryptos pour gérer à l'interne tous les flux monétaires.

La blockchain, c'est aussi le système qui se cache derrière les NFT: des œuvres numériques uniques et auxquelles est joint un certificat d'authenticité. Il peut s'agir d'une vidéo, d'un dessinn ou même d'un avatar.

Il existe déjà des jeux vidéo où chaque objet ou portion de terrain peuvent être achetés sous forme de NFT, par exemple Decentraland et The Sandbox. Et des grands studios plus traditionnels sont également en train d'investir le marché. C'est le cas notamment d'Ubisoft qui a lancé en fin d'année dernière la plateforme Quartz pour permettre l'échange de NFT au sein de ses jeux.

Ce projet est vu toutefois d'un mauvais œil par une frange importante de la communauté des gamers. La preuve? Le trailer officiel de Quartz sur YouTube a reçu, les premières 24 heures après sa diffusion, 34'000 "dislikes" contre seulement 1300 "likes". Un ratio si mauvais qu'Ubisoft a décidé de retirer la vidéo.

La crainte principale des joueurs, c'est l'arrivée de spéculateurs, attirés seulement par l'appât du gain. A l'image de ce qu'il se passe déjà dans le monde de l'art, avec des NFT qui s'arrachent à des prix records: jusqu'à 69 millions de dollars pour une œuvre de l'artiste Beeple.

Mais les NFT attisent aussi certains espoirs, par exemple de rendre possible le transfert d'objets numériques d'un jeu vidéo à un autre, même s'il reste encore des défis techniques à surmonter. "Les NFT ne garantissent pas un format standard d'échanges entre les jeux vidéo. Ils indiquent seulement à qui appartient la représentation digitale d'un objet", explique Stéphane Intissar, directeur d'Ozwe Games à Lausanne.

Outre les aspects techniques, le metaverse pose tout un tas d'autres questions: quelle sera son empreinte carbone ? Ne risque-t-on pas de renforcer les inégalités sociales ? Quelles lois régissent ces univers virtuels globaux ? Des défis sociétaux qui prendront aussi du temps à résoudre.

>> Podcast - C'est quoi les NFT? :

Alexandre Willemin