Dans dix ans, il sera "probablement possible" de savoir si quelqu'un rêve d'un visage ou d'un lieu
Comment les rêves se créent-ils? Francesca Siclari veut lever le mystère. Cette neurologue du Centre d'investigation et de recherche sur le sommeil du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) aurait dû toucher le jackpot avec la bourse Starting Grant - 1,5 million d'euros - du Conseil européen de la recherche pour son projet sur cinq ans. Mais elle doit y renoncer (lire encadré).
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"On ne sait toujours pas pourquoi on rêve, même pas pourquoi on dort", explique Francesca Siclari. Au fil du temps, les technologies ont permis de réaliser des "cartographies" de l'activité cérébrale. "Dans ce projet, je vais utiliser 256 capteurs afin de voir à la milliseconde près ce qui se passe dans le cerveau et comment change l'activité cérébrale en fonction du stade du sommeil et des rêves."
Faire le "film" d'un rêve
Selon la neurologue en charge du projet "Dreamscape", "dans dix à vingt ans", il sera "probablement possible" de savoir en temps réel si quelqu'un est en train de rêver d'un visage ou d'un lieu. Quant à savoir s'il sera possible un jour de pouvoir décrire précisément tout un rêve, Francesca Siclari est plus prudente. "Faire un 'film' avec le contenu d'un rêve, on en est encore loin."
Le rêve est donc encore un monde à explorer. Son rôle est encore incertain. "Le fonctionnement du rêve est étroitement lié au processus du sommeil, potentiellement à la réorganisation des souvenirs ou des mémoires. Mais tout est hypothétique", décrit Francesca Siclari.
Propos recueillis par Frédéric Mamaïs/vajo
"Je dois renoncer à la bourse Starting Grant"
Si Francesca Siclari a obtenu des fonds pour sa recherche sur les rêves, la relation entre la Suisse et l'Europe ressemble davantage à un cauchemar.
Car la Suisse est exclue du programme de recherche européen Horizon. "En pratique, je dois renoncer à la bourse Starting Grant. Le projet n'est pas menacé, parce que la Suisse a mis en place des mesures de compensation."
Et d'ajouter: "Pour les chercheurs suisses, c'est un frein à la recherche."