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Podcast: Suis-je bête?

Parfois, on se fie à son premier jugement, sans réfléchir, quitte à se faire avoir malgré son côté rationnel. Micro Sciences est un podcast qui transforme nos petites bêtises du quotidien en grandes réponses scientifiques et sympathiques.

C'est plus fort que nous. Parfois, en surfant sur le web, on tombe sur une nouvelle insolite: cette photo floue prouve que le monstre du Loch Ness existe! Ni une, ni deux, ça nous surprend et on se dit qu'il faut qu'on le raconte à tout le monde, le plus vite possible.

Une illustration de Nessie, le monstre du Loch Ness... ou serait-ce donc une vraie photo? [Science Photo Library via AFP - Victor Habbick Visions]
Une illustration de Nessie, le monstre du Loch Ness... ou serait-ce donc une vraie photo? [Science Photo Library via AFP - Victor Habbick Visions]

Et puis quelques minutes – voire quelques heures! – plus tard, on se rend compte qu'on s'est fait avoir. Mais quelle andouille! Vraiment!

D'où viennent les failles de notre esprit? Est-ce qu'on est aussi bête que ça? "Ce n'est pas à moi d'en décider! Mais ça me paraît plutôt bon signe de se méfier un petit peu. De regretter de s'être trompé, de le réaliser et, surtout, de l'accepter. C'est un peu le contraire de la connerie de montrer ce genre de signes", s'amuse Sebastian Dieguez, docteur en neuroscience et auteur de nombreux ouvrages souvent en lien avec la bêtise humaine. "On fait tous preuve d'une certaine forme de bêtise chaque semaine", rassure-t-il.

Les biais cognitifs

En voyant, de nuit, une chaussette traîner au milieu du parquet, notre cerveau, parfois bien taquin, peut y voir une énorme mygale menaçante. Plutôt que de l'idiotie, il s'agit d'une erreur d'interprétation, ce que les neuroscientifiques nomment un biais cognitif. Un phénomène – qui peut être visuel, auditif ou olfactif – survient car notre cerveau a tendance à classer les informations rapidement, notamment pour faire face à un danger.

Une vitesse qui peut nous pousser à gober certaines choses trop facilement. L'être humain est-il naïf par nature? Cette question intéresse la théorie et la recherche en psychologie, en anthropologie, en sociologie et en philosophie.

"Dans un premier temps, tout ce qu'on voit, tout ce qu'on entend, tout ce qu'on saisit autour de nous est considéré comme vrai. Peut-être que le cerveau fonctionne comme ça", remarque Sebastian Dieguez.

"C'est du reste un peu la seule manière pour un enfant d'apprendre et d'évoluer, étant obligé de gober tout ce que les adultes lui disent. L'enfant n'a pas de ressources pour se défendre et cela va l'aider de savoir qu'il ne faut pas mettre les doigts dans une prise électrique". Dans cet exemple, être crédule est une bonne chose.

Esprit critique et confiance

Et cela coûte moins d'énergie à notre cerveau de considérer ce que l'on perçoit comme vrai. Mais cela peut aussi être une faiblesse: "Donc probablement que l'évolution nous a aussi donné des mécanismes de vigilance qui nous permettent de nous protéger contre le risque de manipulation et de tromperie", remarque le chercheur. Pour s'assurer de la vérité d'une information, il faut avant tout se focaliser sur le message et la fiabilité de sa source.

"La tendance actuelle est effectivement d'encourager les gens à faire preuve d'esprit critique, à être méfiant, vigilant, ne pas croire tout ce qu'on nous dit". C'est une bonne chose, mais il ne faut pas non plus tomber dans la paranoïa: "Vous ne pouvez pas passer la journée à être sur vos gardes: c'est très fatigant, épuisant, ça met tout le monde sur les dents", commente Sébastien Dieguez.

Tout est une question de dosage. Il faut éviter les extrêmes: croire tout ou ne rien croire. Mais l'idiotie est-elle le contraire de l'intelligence et du savoir? Micro sciences examine ce thème. En espérant qu'on peut lui faire confiance!

Sujet radio: Huma Khamis

Version Web: Stéphanie Jaquet

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