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Le sable, une ressource stratégique en danger, selon un rapport de l'ONU

Une zone d'extraction de sable en Argovie. [Keystone - Christian Beutler]
Un programme de l’ONU veut encadrer et contrôler l’extraction de sable / Le 12h30 / 1 min. / le 26 avril 2022
Dans un rapport paru mardi, le Programme des Nations unies pour l'environnement appelle à reconnaître le sable comme une ressource stratégique et à mieux contrôler ses méthodes d'extraction.

Pour les chercheurs du GRID-Genève (Global Resource International Database) au Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), auteurs de ce rapport intitulé "Sable et durabilité: 10 recommandations stratégiques pour éviter une crise", faute de meilleure gestion des ressources sablières, les risques environnementaux et sociaux sont énormes.

Aujourd'hui, les besoins en sable sont vertigineux. Quelque 50 milliards de tonnes sont utilisées chaque année pour la construction d'infrastructures, notamment les bâtiments et les routes. Cela représente environ dix-huit kilos pour chaque individu de notre planète par jour (lire premier encadré), de quoi construire un mur de vingt-sept mètres de large et vingt-sept mètres de haut tout autour du globe.

Selon l'équipe du GRID-Genève, "le sable joue un rôle stratégique en fournissant des services écosystémiques, des infrastructures vitales pour le développement économique, des moyens de subsistance au sein des communautés et en maintenant la biodiversité".

Ressource "critique"

Cependant, les experts nous rappellent que "son extraction, son approvisionnement, son utilisation et sa gestion restent largement non réglementés dans de nombreuses régions du monde, ce qui entraîne de nombreuses conséquences environnementales et sociales".

Parmi les impacts délétères de la surexploitation du sable, on retrouve l'érosion des plages, des désastres écologiques comme notamment la destruction d'habitats marins, la contamination des nappes d'eau souterraine et des cours d'eau par salinisation, des conflits sociaux sur l'usage de cette ressource, ainsi que des risques à moyen terme d'approvisionnement.

Toujours selon les experts du PNUE, "cette ressource est essentielle pour (...) lutter contre la triple crise planétaire du changement climatique, de la pollution et de la perte de biodiversité". Or, "le sable est utilisé plus rapidement qu'il ne peut être reconstitué naturellement".

Le sable, ressource "durable"?

Par conséquent, le rapport propose des recommandations d'actions pour établir un programme mondial du sable en répondant aux besoins de durabilité environnementale ainsi qu'aux considérations de justice, d'équité, techniques, économiques et politiques.

Interdire l'extraction du sable des plages, élaborer une norme internationale sur l'extraction du sable marin, encourager la réutilisation du sable dans les marchés publics, fixer à l'international le prix du sable pour tenir compte de sa valeur sociale et environnementale et non purement marchande: tant de propositions qui visent à harmoniser la gestion mondiale calamiteuse de cette ressource essentielle.

Dans les grandes lignes, les experts souhaitent favoriser la circularité de l'économie sablière, diminuer les gaspillages, encourager le recyclage et des matériaux de substitution, tout en permettant aux travailleurs de cette industrie de vivre de leur emploi, en garantissant des stocks suffisants pour les générations futures et en protégeant ou restaurant les écosystèmes.

Ressource "non renouvelable"

Sur Terre, la quantité de sable est estimée à 120 millions de milliards de tonnes. Une ressource qui n'est donc pas actuellement "renouvelable" à proprement parlé, mais qui semble suffisante à long terme, sous condition d'une exploitation réduite, mesurée et raisonnée.

Cependant, "il ne suffit pas d'en avoir, il faut encore y avoir accès", remarque Pascal Peduzzi, directeur du GRID-Genève, qui a rédigé le rapport.

Pas toujours accessible

"Par exemple, en Suisse, nous avons eu beaucoup d'activités glaciaires: avec les moraines, on a du sable et du gravier, des montagnes. Mais on a construit sur ces dépôts: on a des vignes, des forêts, des cours d'eau... Donc on ne peut pas le prendre partout. Et ouvrir une nouvelle carrière, c'est aussi problématique", explique Pascal Peduzzi au micro de l'émission CQFD de la RTS.

Si la Suisse a tout de même accès à beaucoup de matériaux, ce n'est cependant pas le cas ailleurs: "Il y a des pays qui sont beaucoup plus plats et qui n'ont pas autant de dépôts ou des pays, de petites îles qui ont des ressources limitées en sable et gravier."

Par ailleurs, le sable du désert est trop fin et trop rond pour être utilisé. Il est en outre très éloigné des zones où il est demandé. Il serait enfin nécessaire d'utiliser des produits chimiques pour en user dans nos industries. En l'état actuel des connaissances et des techniques, l'utilisation du sable du désert est donc une fausse bonne idée, selon Pascal Peduzzi.

>> Ecouter l'interview complète de Pascal Peduzzi dans CQFD :

50 milliards de tonnes de sable sont exploitées par an dans le monde.
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Attention à la surexploitation du sable / CQFD / 11 min. / le 26 avril 2022

Propos recueillis par Sarah Dirren

Adaptation web: Julien Furrer et Stéphanie Jaquet

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Le sable est omniprésent

Le sable est utilisé pour fabriquer du verre, des puces électroniques, des produits cosmétiques et, surtout, dans la construction pour faire du béton, un matériau qui requiert deux tiers de sable et un tiers de ciment.

Pour exemple, 200 tonnes de sable sont nécessaires pour construire une petite maison et 30'000 tonnes pour un kilomètre d'autoroute.

Le Programme des Nations Unies pour l'environnement avertit qu'une plus grande quantité de sable est traitée par rapport à ce qui est créé naturellement.

Le sable se forme sur des millions d'années par l'altération de la roche exposée à la chaleur, au froid, au vent et aux intempéries. Sous le terme de "sable", le PNUE regroupe également les graviers, gravillons et la pierre concassée, qui se distinguent du sable par la taille et la géométrie des grains.