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Cancer du testicule, le pari d'en rire pour mieux prévenir

Le podcast "Having a ball" fait le pari de l'humour pour sensibiliser les hommes aux risques du cancer du testicule
Le podcast "Having a ball" fait le pari de l'humour pour sensibiliser les hommes aux risques du cancer du testicule / 19h30 / 2 min. / le 16 mai 2022
Depuis dix mois, le Neuchâtelois Joseph Barnes co-anime un podcast humoristique consacré à son cancer du testicule. "Having a Ball" a l'ambition de faire rire en dépit de la dureté de l'épreuve, mais aussi de sensibiliser les hommes à l'importance de surveiller régulièrement leurs parties intimes pour mieux prévenir une forme sévère de la maladie.

À l'annonce de son cancer du testicule le 23 juin de l'année dernière, Joseph Barnes apprend qu'il a des métastases dans la colonne vertébrale et les poumons. Mais il a préféré en rire et faire rire en lançant "Having a Ball" ("avoir une boule"), qui est aussi une expression qui, en anglais, signifie "s'amuser beaucoup".

Depuis dix mois, le Neuchâtelois de 41 ans a réalisé 18 épisodes aux côtés de son ami norvégien Andreas Enehaug, rencontré dans une école de cinéma à Londres. Mais Joseph Barnes le reconnaît, leur pari de l'humour devient difficile à tenir aujourd'hui. "Il y a peut-être un peu moins de blagues par épisodes qu'au début parce que la situation s'est dégradée ces derniers temps plutôt que de s'améliorer", a-t-il témoigné lundi dans le 19h30 de la RTS.

"J'espère que ce n'est pas le cas et que je vais m'en sortir, mais très honnêtement, si ça devait continuer à empirer et, qui sait, dans six mois, si je ne suis plus là, j'espère que deux semaines avant, on fait encore le dernier épisode!"

Lever un tabou

L'ambition est la même pour Andreas, motivé par les retours positifs reçus jusqu'à présent. "C'est définitivement toujours plus dur de rire au sujet du cancer, mais ce qui est sûr à 100%, c'est que notre podcast est une source de motivation pour d'autres dans la même situation", a-t-il constaté.

Leur démarche est aussi nécessaire pour lever un tabou, comme l'espère Joseph Barnes. "Pour un homme, dire 'j'ai un problème aux couilles', c'est pas le truc qu'on a envie de sortir au bistrot quand on boit un verre avec ses potes", observe-t-il. Pourtant, "il est très important qu'ils fassent des contrôles réguliers dès qu'il y a quelque chose qui sort de l'ordinaire plutôt que de se dire 'mmh, c'est bizarre, c'est dans mon pantalon, je vais garder ça pour moi'. Non! Si c'est trop compliqué d'en parler à ses amis, c'est pas grave, allez en parler à un médecin!", plaide-t-il.

"Il faut le dépister rapidement"

"Les hommes peinent encore à franchir la porte du médecin pour contrôler leur intimité", confirme Sanjeev Vamadevan, urologue à Neuchâtel. Et même si, avec 470 nouveaux cas chaque année en Suisse, le cancer du testicule ne pèse que pour 2% des cancers masculins, il insiste: "Il faut le dépister rapidement si on veut avoir toutes les chances de le soigner. Pour 90% des cas, si l'opération est faite rapidement, c'est curatif".

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Le médecin spécialiste plaide pour un dépistage plus systématique. A l'instar des femmes qui devraient se palper régulièrement les seins, les hommes devraient aussi se toucher régulièrement les bourses. "Avec les trois premiers doigts, il faut bien sentir les testicules, les faire tourner et palper de haut en bas. Si on sent quelque chose de dur ou d'enflé ou d'anormal par rapport à l'autre testicule, il faut s'alarmer".

Prise de conscience

Ce message est bien reçu par les amis de Joseph Barnes. L'un d'eux reconnaît que l'épreuve traversée par "Joey" a provoqué un questionnement. "D'un côté, on va jouer à la pétanque, on va en rire, on va plaisanter là-dessus. Et d'un autre côté, il y a aussi une prise de conscience: personnellement, effectivement, je me suis contrôlé les testicules. J'ai pris conscience que la maladie peut arriver très rapidement".

Joseph Barnes a gagné haut la main la bataille de la prévention par l'humour. Il espère remporter dans la foulée une autre grande bataille: une neuvième chimiothérapie l'attend lundi prochain au CHUV à Lausanne.

Gabriel de Weck/vic

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