Le 26 mars 1771, l'Académie crée une chaire honoraire en astronomie et la confie à un candidat idéal, l'astronome genevois Jacques-André Mallet. Ce dernier fonde l'Observatoire astronomique de Genève en 1772 et l'équipe avec ses propres instruments.
L'Université de Genève rappelle dans un communiqué que la notoriété de ce petit-fils d'un riche financier avait déjà largement dépassé les frontières de la ville, suite à sa participation, en 1769, à l'une des missions russes dont le but était de mesurer la distance Terre-Soleil. Le côté aventureux de l'expédition ainsi que la qualité des résultats obtenus l'avaient rendu célèbre en Europe.
A l'époque de Jacques-André Mallet, le ciel était scruté depuis le bastion Saint-Antoine, en plein cœur de la ville. L'Observatoire avait été construit en face de l'actuel Musée d'Art & d'Histoire, sur des casemates transformées en débit de vin. Le toit d'origine fut remplacé en 1824 par une terrasse surmontée d'une coupole destinée à abriter un nouvel instrument.
"La circonstance qui a permis un départ assez foudroyant, c'est qu'il y a eu une crise magnétique solaire" en 1774, narre l'astrophysicien et professeur honoraire Michel Grenon, au micro de RTSinfo: "La première année de mise en service de l'Observatoire, on a eu une demi-douzaine d'aurores boréales visibles à Genève – des aurores rouges, et pas vertes, mais c'en était! – et un champ magnétique qui était complètement dérangé, qui cavalait. Donc on a commencé à mesurer et à observer ces phénomènes à partir de là."
Soleil et météorologie
L'intérêt pour le Soleil s'est poursuivi par la participation à une campagne internationale en 1840 visant à décrire complètement le champ magnétique terrestre: sa forme, son inclinaison, ses changements de cap rapides: "Genève est devenu un spécialiste dans ce domaine."
Après quelques années de mesures, on a découvert les relations entre activités solaires, aurores boréales, variations du champ magnétique terrestre. C'est un astronome de Genève qui est le premier à avoir établi en 1851 la corrélation entre les activités solaires et la météorologie terrestre", ajoute Michel Grenon. "Ce n'est qu'au milieu du XXe siècle qu'on a découvert que ces changements d'activité solaire gouvernaient l'apparence ou la disparition des petits âges glaciaires. Les mesures météorologiques que l'on a faites sont les plus complètes et les plus précises en Suisse: on avait déjà un siècle de mesures accumulées de haute précision quand on a créé la Centrale Suisse de Météorologie à Zurich."
Précision horlogère
A ses débuts, l'Observatoire de Genève remplissait deux fonctions: assouvir la curiosité des scientifiques de l'époque, en les aidant à décoder le ciel, et fournir aux artisans horlogers l'heure exacte, grâce aux calculs tirés de l'observation des astres. Dans les années 1770, l'horlogerie est florissante dans la Cité de Calvin: près de 4500 personnes sont employées dans cette industrie – cela représentait environ un tiers de la population masculine.
Le professeur Grenon, qui travaille à une publication historique, explique encore que, pour la navigation et la construction de routes ou de bâtiments, il fallait impérativement connaître la position du pôle Nord magnétique: "C'est l'Observatoire qui la publiait dans le Journal de Genève dès 1786 tous les jours, ce qui permettait de poursuivre les chantiers sans zigzaguer."