Depuis le début de l'année, 345'913 hectares de forêt ont déjà brûlé dans les pays de l'Union européenne. En un peu plus de sept mois, c'est presque autant que la moyenne sur douze mois des quinze dernières années, qui s'élève à 350'064 hectares, selon les données du Système européen d'information sur les incendies de forêt (EFFIS).
Cette nette hausse de la surface brûlée est notamment due aux importants incendies qui ont frappé le continent fin mars-début avril, à cause d'une sécheresse exceptionnelle.
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À cette période, l'Europe a enregistré jusqu'à 368 feux simultanés, soit dix fois plus que la moyenne annuelle de 2006 à 2021. Si la proportion est moins impressionnante cet été, juillet enregistre tout de même des chiffres supérieurs à la moyenne, avec par exemple une soixantaine de foyers actifs au début du mois, contre une vingtaine habituellement.
Des méga-feux
Au-delà du nombre, c'est surtout l'intensité des feux qui est exceptionnelle. En Gironde, au sud-ouest de la France, c'est 19'300 hectares de forêt (12'800 hectares à Landiras, près de Langon, et 6500 hectares à la Teste-de-Buch, près d'Arcachon) qui sont partis en fumée en une semaine. A titre de comparaison, cette surface correspond environ à un tiers de celle du Léman.
C'est aussi le double des 9630 hectares brûlés par les incendies dans toute la France durant l'été 2021. En moyenne sur les quinze dernières années, le cumul des surfaces détruites dans l'Hexagone atteignait 6100 hectares à la mi-juillet. Cette année, la France en affiche déjà quatre fois plus.
"Le changement climatique amplifie les paramètres favorables aux incendies: sécheresse, vent, fortes températures fragilisent les forêts qui souffrent. Le phénomène est très, trop rapide pour les forêts", a estimé mardi sur France Inter Françoise Alriq, directrice adjointe de la fédération des communes forestières de France, évoquant, notamment pour l'incendie de Landiras, un "phénomène qu'on peut qualifier de méga-feu".
Sécheresse et chaleur
Selon un analyste de Météo France, la première quinzaine de juillet a en effet été la plus sèche depuis au moins 1959. Il n'est ainsi tombé que 1,8 millimètre de pluie sur tout le territoire, contre 5,1 millimètres en 2015 ou même 28 millimètres en 1976.
A cela s'ajoutent des records absolus de chaleur, qui ont été battus dans 64 communes lundi, selon Météo France. Ces records ont été enregistrés principalement le long de la façade atlantique. Les records sont tombés des Landes, au sud, où Biscarrosse a connu 42,6 degrés, jusqu'en Seine-Maritime, le plus au nord, où 38,2 degrés ont été atteints au Cap de la Heve, au nord du Havre.
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Malgré une légère baisse de température mardi, les incendies de Gironde ne sont "toujours pas fixés". Et s'ils n'ont pas fait de victime, quelque 37'000 personnes, résidentes ou en vacances, ont dû quitter leur logement. Environ 2000 membres des corps de sapeurs-pompiers de toute la France et d'importants moyens aériens (8 Canadairs et 2 Dash) sont encore mobilisés mardi.
Victorien Kissling avec afp