Une consultation a été lancée dans les cantons et la Confédération devrait prochainement se prononcer sur l'autorisation en Suisse du vaccin Imvanex.
Ce vaccin a été développé à la fin des années 1970 pour lutter initialement contre la variole classique, soit la forme humaine de la maladie. Il s'agit d'une cousine de la variole du singe qui a été éradiquée depuis les années 1980 au niveau mondial.
L'idée des autorités sanitaires à l'époque était de se préparer à une résurgence de la maladie en développant un vaccin moderne, avec le moins d'effets secondaires possibles.
Mais comme il n'y avait plus, à la fin de l'épidémie, de cas de variole humaine, on a testé ce nouveau vaccin sur la variante animale de la maladie, à savoir cette fameuse variole du singe qui se propage actuellement dans la population humaine.
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Idéalement deux doses à un mois d'intervalle
Et ce que montrent les études effectuées sur les primates, c'est que pour obtenir une protection efficace, tant pour les formes graves que pour la propagation du virus, il faut idéalement injecter deux doses de vaccin à un mois d'intervalle.
"Après une dose, le taux d'anticorps est à son pic à 14 jours. Mais après, il va redescendre", explique jeudi dans La Matinale Frédérique Jacquerioz, médecin-adjointe au Centre des virus émergents aux HUG. "Donc c'est le fait de donner deux doses en primo-vaccination qui va apporter la meilleure protection."
Mais évidemment, souligne-t-elle, il y a beaucoup d'extrapolations possibles, car ces études n'ont pas été faites sur l'homme. "Après, c'est une question de savoir quelle est la meilleure stratégie en sachant qu'une dose protège moins bien, et en fonction de ce que vous voulez obtenir en termes de santé publique."
Face au manque de disponibilité du vaccin, certains pays comme la France ont décidé d'espacer les injections pour pouvoir immuniser un maximum de monde. En Suisse, une fois que le vaccin sera disponible, on ne sait pas encore quelle stratégie sera adoptée. Cela dépendra surtout du nombre doses que la Confédération parviendra à se procurer auprès de l'entreprise danoise Bavarian Nordic.
D'autres vaccins?
L'idéal serait de développer en parallèle d'autres vaccins spécialement dédiés à cette maladie, comme cela a été le cas par exemple avec le coronavirus. Toutefois, pour le virologue de l'EPFL Didier Trono, ce serait difficile de lancer des recherches. Surtout que le vaccin à disposition a de bonnes chances de fonctionner.
"Le développement d'un nouveau vaccin est extrêmement coûteux. Souvent, cela décourage toute tentative de venir avec ces nouveaux vaccins", explique-t-il.
Sans compter que, d'après le virologue, les chances que la variole du singe évolue sont très faibles, au contraire par exemple du coronavirus et de ses nombreux variants. Comme il l'explique dans La Matinale, la variole du singe est en effet un virus au matériel génétique beaucoup plus stable que le coronavirus.
"Depuis que la variole du singe s'est propagée à plus grande échelle dans la population humaine, on a suivi la séquence et on s'est aperçu qu'elle ne changeait pas beaucoup. Il y a une sorte de micro-évolution mais rien d'alarmant. Rien qui puisse en tout cas nous faire penser que ce virus va évoluer différemment de celui de la variole classique qui est tellement stable qu'il a pu être éradiqué."
D'autres vaccins plus anciens que celui d'Imvanex existent, mais ils sont plus risqués et comportent plus d'effets secondaires. Et ils n'ont pas du tout été testés sur la variole du singe. Il y a peu de chances donc qu'ils soient ressortis des tiroirs pour lutter contre l'épidémie actuelle.
Sophie Iselin/fgn
31'665 cas de variole du singe dans le monde
Selon le dernier bilan de l'OMS, 31'665 cas de variole du singe, dont 12 décès, ont été recensés dans le monde. En Suisse, où aucun vaccin n'est encore disponible, près de 400 cas étaient comptabilisés à la mi-août.
L'OMS a déclenché le 24 juillet le plus haut niveau d'alerte, l'"urgence de santé publique de portée internationale", pour renforcer la lutte contre la maladie.
Attention à la transmission aux animaux
L'Organisation mondiale de la santé a appelé mercredi les personnes infectées par la variole du singe à éviter d'exposer les animaux au virus. Un premier cas de transmission de la variole du singe de l'être humain au chien a été rapporté la semaine dernière dans le journal médical The Lancet: deux hommes contaminés qui ont transmis le virus à leur lévrier à Paris.
"C'est le premier cas rapporté de transmission de l'être humain à l'animal (...) et nous pensons que c'est la première fois qu'un chien est infecté", a commenté auprès de journalistes Rosamund Lewis, responsable technique à l'OMS pour la variole du singe.
Les experts, a-t-elle dit, étaient conscients du risque théorique de ce type de transmission et savent que les agences de santé publique ont déjà prévenu les personnes infectées de "se tenir éloignées de leurs animaux domestiques".
Lorsqu'un virus franchit une barrière entre espèces, cela suscite souvent de l'inquiétude concernant une mutation possiblement plus dangereuse. Mais selon Rosamund Lewis, aucune information à ce stade ne permet de dire que c'est le cas concernant la variole du singe. (afp)