Dans les nouvelles voitures, il devient de plus en difficile de trouver des boutons. Radio ou chauffage, tout passe désormais par un grand écran tactile. Et ce n’est pas forcément plus facile pour les automobilistes.
Selon le test du magazine suédois Vi Bilägare, dans une vieille Volvo de 2005 lancée à 100 km/h, le conducteur a mis en moyenne deux fois moins de temps pour effectuer une série de tâches simples comme régler la radio, allumer le dégivreur ou augmenter la température.
La dizaine d’autres véhicules modernes testés forcent le conducteur à chercher dans des menus et à quitter les yeux de la route.
Ces écrans tactiles empêchent en effet la "mémoire musculaire" de travailler: d'instinct, le conducteur sait où est le bouton et le reconnaît au toucher. Et les écrans constituent aussi une distraction de plus pour le conducteur.
Des interfaces uniformisées
"Plus les écrans sont complexes, plus le risque de distraction est grand", estime Nicolas Kessler, porte-parole du bureau de prévention des accidents (BPA). "On recommande de créer des interfaces simples et dans la mesure du possible de maintenir certains éléments physiques. Il peut s’agir de boutons de réglages comme on les connaît pour la ventilation."
Il faut toutefois relativiser ces résultats, car les constructeurs intégrent des innovations. Ils développent des interfaces toujours plus intuitives. On peut aussi directement parler avec sa voiture en utilisant des commandes vocales comme Android auto ou Carplay d’Apple.
L’autre solution en vogue est la molette près du volant qui permet d’avoir accès rapidement à plusieurs fonctionnalités. Couplée à un affichage tête haute, directement sur la vitre, elle permet de diminuer les risques de distraction.
Pascal Wassmer
Selon l'étude du TCS sur la distraction au volant "toutes les voitures ne se valent pas"
Dans son enquête du 6 septembre 2022 en collaboration avec son homologue allemand ADAC, le TCS a mesuré l’impact ergonomique de commandes centralisées autour d’un écran, d’un pavé tactile ou d’un pavé rotatif. Au total, six véhicules représentatifs de la classe compacte ont été testés, trois d’entre eux équipés d’un écran tactile (VW Golf, Dacia Sandero, Tesla Model 3) et trois autres de pavés tactiles 'touchpad' ou rotatifs (Mercedes Classe A, Mazda 3, BMW série 1). La distraction des conducteurs et conductrices au volant était mesurée en suivant les mouvements du regard entre la route et les commandes. Les participants et participantes ont également évalué chaque voiture.
Les modèles Mazda 3 et BMW série 1, équipés de commandes centralisées autour d’un contrôleur, ont obtenu les meilleures évaluations des participants et participantes. Pour cause, la séparation entre les commandes de sécurité comme l’éclairage et les essuie-glaces et d’autres commandes comme la climatisation. Les écrans tactiles de la VW Golf et la Dacia Sandero ont également reçu des évaluations favorables grâce au système ‘mains libres’. En revanche, la climatisation de la VW Golf doit toujours être enclenchée via l’écran tactile, ce qui représente un ‘point critique’.
Enfin, la Mercedes Classe A et la Tesla Model 3 ont reçu des évaluations moins favorables. Le pavé tactile de la Mercedes a été jugé pas assez précis et les commandes de sécurité demandaient un temps d'adaptation. L’écran tactile de la Tesla présente quant à lui ‘le plus haut potentiel de distractions’ chez les conducteurs et conductrices novices, car l'ensemble des commandes sont regroupées ensemble. Laurent Pignot, porte-parole du TCS, donne l’exemple des essuie-glaces pendant l’émission On en parle: "Le problème est que lorsqu’on conduit et qu’il commence à pleuvoir, il faudra pianoter pendant plusieurs secondes sur l’écran ou le pavé tactile pour trouver la commande correspondante. Pendant tout ce temps, le regard n’est pas sur la route."