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La face cachée de la Lune visible grâce à l'intelligence artificielle

Une vue du Bassin de Schrödinger et du Pôle Sud de la Lune. [NASA - GSFC Scientific Visualization Studio]
La face cachée de la Lune visible grâce à l'intelligence artificielle / Le Journal horaire / 30 sec. / le 26 août 2022
Une équipe internationale dirigée par des scientifiques de l'EPFZ a rendu visibles, grâce à l'intelligence artificielle, les zones obscures du pôle sud de la Lune. Ces informations pourraient être utilisées lors de futures missions lunaires.

"Le pôle sud de l'astre de la nuit est passionnant pour la recherche", écrit l'Ecole polytechnique de Zurich (EPFZ) dans un communiqué publié vendredi. En raison de l'angle d'inclinaison de la lune, le Soleil s'y déplace le long de l'horizon. Il jette de longues ombres, parfois permanentes, dans les cratères.

Il fait très froid dans ces cavités, entre -170 et -240 degrés. La température s'y approche du zéro absolu, soit -273,15 degrés. Il existe donc une chance que de la vapeur d'eau ou d'autres substances liquides aient pu être piégées ou gelées dans ou sur le sol lunaire. S'il faisait plus chaud, la glace se transformerait vite en gaz dans le vide sidéral.

>> Lire aussi : La Lune est encore plus riche en eau que prévu

Pas de glace en surface

Mais ce qui est bon pour la glace ne l'est pas pour l'observation: de nombreuses zones restent dans le noir. Pour les éclairer, chercheuses et chercheurs ont utilisé les images prises depuis plus de dix ans par la caméra de la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter. Celle-ci capte les photons renvoyés dans les zones d'ombre par les montagnes et les parois des cratères situées à proximité.

Grâce à l'utilisation de l'intelligence artificielle, ces données ont permis de rendre visibles les zones jusqu'ici obscures. L'analyse des images n'a pas révélé la présence d'eau sous forme de glace, bien que son existence ait pu être prouvée par d'autres instruments.

>> Grâce à l'intelligence artificielle, des zones obscures deviennent visibles : Au lieu d'une simple image d'ombre sombre (à gauche), les scientifiques peuvent détecter de petits cratères d'impact, des rochers et différentes structures de sol à l'intérieur du cratère. [ETH Zurich - LPI]
Au lieu d'une simple image d'ombre sombre (à gauche), les scientifiques peuvent détecter de petits cratères d'impact, des rochers et différentes structures de sol à l'intérieur du cratère. [ETH Zurich - LPI]

"Il n'y a pas d'indice visible de glace pure en surface" dans les zones à l'ombre, déclare Valentin Bickel, postdoctorant à l'EPFZ, cité dans le communiqué. "Cela peut signifier que la glace est mélangée au sol lunaire ou qu'elle est cachée sous la surface", ajoute l'auteur principal de l'étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters.

>> Ecouter les explications de Sylvia Ekström, astrophysicienne à l'Université de Genève, sur la géologie de la face cachée de la Lune :

La Lune présente toujours la même face à l'observation terrestre.
GostonMoris
Depositphotos [GostonMoris]GostonMoris
La géologie de la face cachée de la Lune / CQFD / 12 min. / le 30 août 2022

Itinéraires d'exploration

Selon la haute école zurichoise, ces découvertes peuvent avoir des conséquences directes sur de futures missions lunaires. Elles peuvent par exemple donner des indications sur des sites appropriés pour des alunissages ou sur de possibles itinéraires d'exploration.

L'équipe de recherche a découvert une série de cratères et d'autres caractéristiques de la surface lunaire "jusqu'ici inconnus dans les régions sombres", souligne Valentin Bickel. Grâce à ces images, il est possible de mieux planifier les itinéraires et de considérablement réduire les risques pour les astronautes ou les robots.

>> Des sites potentiels pour l'alunissage des missions Artemis:

Vue oblique du pôle sud lunaire et des sites d'alunissage potentiels d'Artemis 001 et 004. C'est la région où l'équipe de recherche a utilisé la nouvelle technique pour voir dans les intérieurs ombragés des cratères d'impact. [ETH Zurich - LPI]
Vue oblique du pôle sud lunaire et des sites d'alunissage potentiels d'Artemis 001 et 004. C'est la région où l'équipe de recherche a utilisé la nouvelle technique pour voir dans les intérieurs ombragés des cratères d'impact. [ETH Zurich - LPI]

L'étude est publiée trois jours avant le départ de la mission Artemis I de la NASA. La fusée doit décoller lundi, sans astronaute à son bord, pour un vol-test de quarante-deux jours. Après cette première mission, Artemis II emportera des astronautes jusqu'en orbite autour de la Lune, sans y alunir. Cet honneur sera réservé à l'équipage d'Artemis III, prévue au plus tôt en 2025.

ats/sjaq

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