"Le pôle sud de l'astre de la nuit est passionnant pour la recherche", écrit l'Ecole polytechnique de Zurich (EPFZ) dans un communiqué publié vendredi. En raison de l'angle d'inclinaison de la lune, le Soleil s'y déplace le long de l'horizon. Il jette de longues ombres, parfois permanentes, dans les cratères.
Il fait très froid dans ces cavités, entre -170 et -240 degrés. La température s'y approche du zéro absolu, soit -273,15 degrés. Il existe donc une chance que de la vapeur d'eau ou d'autres substances liquides aient pu être piégées ou gelées dans ou sur le sol lunaire. S'il faisait plus chaud, la glace se transformerait vite en gaz dans le vide sidéral.
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Pas de glace en surface
Mais ce qui est bon pour la glace ne l'est pas pour l'observation: de nombreuses zones restent dans le noir. Pour les éclairer, chercheuses et chercheurs ont utilisé les images prises depuis plus de dix ans par la caméra de la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter. Celle-ci capte les photons renvoyés dans les zones d'ombre par les montagnes et les parois des cratères situées à proximité.
Grâce à l'utilisation de l'intelligence artificielle, ces données ont permis de rendre visibles les zones jusqu'ici obscures. L'analyse des images n'a pas révélé la présence d'eau sous forme de glace, bien que son existence ait pu être prouvée par d'autres instruments.
"Il n'y a pas d'indice visible de glace pure en surface" dans les zones à l'ombre, déclare Valentin Bickel, postdoctorant à l'EPFZ, cité dans le communiqué. "Cela peut signifier que la glace est mélangée au sol lunaire ou qu'elle est cachée sous la surface", ajoute l'auteur principal de l'étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters.
Itinéraires d'exploration
Selon la haute école zurichoise, ces découvertes peuvent avoir des conséquences directes sur de futures missions lunaires. Elles peuvent par exemple donner des indications sur des sites appropriés pour des alunissages ou sur de possibles itinéraires d'exploration.
L'équipe de recherche a découvert une série de cratères et d'autres caractéristiques de la surface lunaire "jusqu'ici inconnus dans les régions sombres", souligne Valentin Bickel. Grâce à ces images, il est possible de mieux planifier les itinéraires et de considérablement réduire les risques pour les astronautes ou les robots.
>> Des sites potentiels pour l'alunissage des missions Artemis:
L'étude est publiée trois jours avant le départ de la mission Artemis I de la NASA. La fusée doit décoller lundi, sans astronaute à son bord, pour un vol-test de quarante-deux jours. Après cette première mission, Artemis II emportera des astronautes jusqu'en orbite autour de la Lune, sans y alunir. Cet honneur sera réservé à l'équipage d'Artemis III, prévue au plus tôt en 2025.
ats/sjaq