Le lancement de la fusée Artemis interrompu à cause d'un problème de purge d'un moteur
Le décollage d'Artemis I, la nouvelle méga-fusée de la NASA vers la Lune, a été annulé lundi à cause d'un problème technique sur l'un des moteurs principaux de l'engin, a indiqué la NASA dans son direct vidéo. Le lancement de cette fusée inhabitée, la plus puissante du monde, est reporté de facto d'au minimum quelques jours.
Les réservoirs de la la fusée SLS – pour Space Launch System – avaient été remplis de plus de trois millions de litres d'hydrogène et d'oxygène liquides ultra-froids. Un remplissage qui avait commencé avec environ une heure de retard à cause d'un risque de foudre trop élevé au milieu de la nuit.
Puis une fuite a entraîné une pause lors du remplissage de l'étage principal avec l'hydrogène, avant qu'une solution ne soit trouvée et que le flux reprenne.
Compte à rebours stoppé
Vers 7h00 du matin, heure locale, un nouveau problème, décisif, est apparu: l'un des quatre moteurs RS-25 (le numéro 3), sous l'étage principal de la fusée, n'arrivait pas à atteindre la température souhaitée – condition nécessaire pour pouvoir l'allumer.
Le compte à rebours a alors été stoppé, et après plus d'une heure et demie d'attente et de tentatives de régler le problème, la directrice de lancement à la NASA, Charlie Blackwell-Thompson, a pris la décision finale d'annuler.
Le décollage d'Artemis I était initialement prévu à 8h33 (14h33 en Suisse) depuis l'aire de lancement 39B du centre spatial Kennedy, en Floride. Selon la NASA, "la fusée et le vaisseau spatial Artemis I sont dans un état stable et sûr".
La capsule Orion
La mission doit propulser la capsule Orion sans équipage jusqu'en orbite autour de la Lune, afin de vérifier que le véhicule est sûr pour de futurs astronautes – dont la première femme et la première personne de couleur qui marcheront sur la surface lunaire.
L'objectif principal d'Artemis I est de tester le bouclier thermique de la capsule, qui reviendra dans l'atmosphère terrestre à près de 40'000 km/h, et une température moitié aussi chaude que la surface du Soleil.
Au lieu d'astronautes, des mannequins seront à bord, équipés de capteurs enregistrant vibrations et taux de radiations. Des microsatellites seront également déployés pour aller étudier la Lune, ou encore un astéroïde. La capsule s'aventurera jusqu'à 64'000 kilomètres derrière la Lune, soit plus loin que tout autre vaisseau habitable jusqu'ici.
Le départ de cette fusée de tous les superlatifs doit marquer le début du grand programme spatial américain de retour sur la Lune, Artemis, qui comportera trois volets (lire encadré).
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Début septembre?
La prochaine date de lancement possible est vendredi 2 septembre, puis le 5 septembre. Mais le problème devra d'abord être évalué par les équipes de la NASA avant de déterminer une nouvelle date.
Déjà en avril dernier, la fusée SLS avait dû être ramenée dans son bâtiment d'assemblage pour subir des modifications après un premier test raté sur son aire de lancement en Floride.
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Un échec complet de la mission serait dévastateur pour une fusée au budget faramineux – 4,1 milliards par lancement, selon un audit public – et en retard de plusieurs années: elle a été commandée en 2010 par le Congrès américain pour une date initiale de décollage en 2017.
Stéphanie Jaquet et les agences
Artemis II & III, la suite du programme
Après cette première mission, Artemis II emportera en 2024 des astronautes jusqu'à la Lune, sans y atterrir. Un honneur réservé à l'équipage d'Artemis III, en 2025 au plus tôt. La NASA souhaite ensuite lancer environ une mission par an.
Le but est d'établir une présence humaine durable sur la Lune, avec la construction d'une station spatiale en orbite autour d'elle (Gateway), et d'une base à la surface.
Là, l'humanité doit apprendre à vivre dans l'espace lointain et développer toutes les technologies nécessaires à un aller-retour vers Mars.
Un voyage de plusieurs années qui pourrait avoir lieu "à la fin de la décennie 2030", selon Bill Nelson.
Mais avant cela, se rendre sur la Lune est aussi stratégique, face aux ambitions de nations concurrentes, notamment la Chine.
"Nous voulons aller sur le pôle sud [de la Lune, ndlr.], là où sont les ressources", notamment de l'eau sous forme de glace, a détaillé Bill Nelson sur NBC dimanche: "Nous ne voulons pas que la Chine y aille et dise 'C'est notre territoire."