Les Zurichoises Ursula Keller et Kerstin Noëlle Vokinger remportent deux prix scientifiques
Agée de 63 ans, Ursula Keller a plus d'une fois repoussé les limites de la physique des lasers ultrarapides, tant à l'aide de modèles théoriques que par les résultats de ses expériences. La professeure en physique expérimentale à l'Institut d'électronique quantique de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) a notamment inventé en 1991 le miroir absorbeur saturable à semi-conducteur (SESAM).
En combinant la technologie SESAM et des lasers solides, il a été possible de produire des impulsions lumineuses d'une durée de l'ordre de la femtoseconde, soit un millionième de milliardième de seconde. Durant cette très courte période, les scientifiques peuvent par exemple observer le mouvement des atomes ou le mécanisme d'une réaction chimique.
De nos jours, le principe de fonctionnement de la technologie SESAM est utilisé dans de nombreux domaines d'application, indiquent dans un communiqué les fondations Latsis et Marcel Benoist. Et de citer le découpage de matériaux ou la production d'ordinateurs et de smartphones. Ils font aussi office de scalpel lors d'opérations des yeux.
Horloge la plus précise au monde
Les lasers ultrarapides sont en outre utilisés dans le développement d'instruments de mesure de haute précision. Ursula Keller a même développé l'horloge la plus précise au monde. Connue sous le nom d'Attoclock, elle mesure une attoseconde, c'est-à-dire un milliardième de milliardième de seconde. Cet instrument est tellement précis qu'il permet de mesurer les processus fondamentaux de la mécanique quantique.
Se déclarant très honorée de recevoir le Prix Marcel Benoist, doté de 250'000 francs, Ursula Keller a souligné qu'il s'agissait là de la première distinction scientifique qui lui était décernée en Suisse.
La relève
Doté de 100'000 francs, le Prix Latsis, qui récompense les chercheuses et les chercheurs prometteurs de 40 ans au plus, est pour sa part remis à Kerstin Noëlle Vokinger. Agée de 34 ans, la professeure assistante en droit public et numérisation à l'Université de Zurich est polyvalente, selon les fondations à l'origine des prix. La Zurichoise a étudié aussi bien le droit que la médecine humaine et obtenu un doctorat dans les deux disciplines.
La chercheuse évolue ainsi à l'interface de plusieurs disciplines. Elle applique des approches méthodiques interdisciplinaires qui sont, à ce jour, uniques en Suisse, relèvent les fondations dans leur communiqué.
ats/gma