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La pouponnière d'étoiles d'Orion révélée par le télescope James Webb

Image composite de la région interne de la nébuleuse d'Orion prise par le JWST montrant le rayonnement infrarouge du gaz ionisé, des hydrocarbures, du gaz moléculaire, des poussières et de la lumière stellaire diffusée. [NASA/ESA/CSA - PDRs4All ERS Team/Salomé Fuenmayor]
Nébuleuse Orion JWST - [NASA/ESA/CSA - PDRs4All ERS Team/Salomé Fuenmayor]
A 1350 années-lumière de notre Terre, la Nébuleuse d'Orion est un berceau d'étoiles, le plus riche et le plus proche du Système solaire. Le télescope spatial James Webb en a capturé les images les plus détaillées vues jusqu'ici, révélant de nombreuses structures spectaculaires.

La région interne de la Nébuleuse d'Orion est l'endroit de naissance d'un grand nombre d'étoiles: elle est riche en matière propice à la formation des systèmes stellaires et planétaires.

L'image infrarouge composite a été produite – grâce à l'instrument NIRCam du télescope spatial James Webb (JWST) et plusieurs filtres – par une équipe menée par des scientifiques de France et du Canada, le 11 septembre. Elle montre le rayonnement infrarouge du gaz ionisé, des hydrocarbures, du gaz moléculaire, des poussières et de la lumière stellaire diffusée.

>> Le cœur de la Nébuleuse d'Orion vu par le JWST : Dans le sens des aiguilles d'une montre en partant d'en haut à droite: une jeune étoile avec disque de photoévaporation (proplyd) à l'intérieur de son cocon de poussières et de gaz. Des filaments fins et sinueux particulièrement riches en molécules d'hydrocarbures et en hydrogène moléculaire. θ2 Orionis A, l'étoile la plus brillante de l'image, est juste assez brillante pour être vue à l'œil nu depuis un endroit sombre sur Terre. Une jeune étoile à l'intérieur de son globule nuageux natal. [NASA/ESA/CSA - PDRs4All ERS Team/Salomé Fuenmayor]
Dans le sens des aiguilles d'une montre en partant d'en haut à droite: une jeune étoile avec disque de photoévaporation (proplyd) à l'intérieur de son cocon de poussières et de gaz. Des filaments fins et sinueux particulièrement riches en molécules d'hydrocarbures et en hydrogène moléculaire. θ2 Orionis A, l'étoile la plus brillante de l'image, est juste assez brillante pour être vue à l'œil nu depuis un endroit sombre sur Terre. Une jeune étoile à l'intérieur de son globule nuageux natal. [NASA/ESA/CSA - PDRs4All ERS Team/Salomé Fuenmayor]

Érosion de la barre d'Orion

La barre d'Orion, un mur de gaz dense et de poussières qui s'étend du haut à gauche au bas à droite de l'image, contient l'étoile brillante la plus visible de la région: θ2 Orionis A. Depuis la Terre, elle est juste assez brillante pour être visible à l'œil nu depuis un endroit sombre. La lumière stellaire qui se reflète sur les grains de poussière est à l'origine de la lueur rouge dans son environnement immédiat.

La scène est éclairée par un groupe d'étoiles massives jeunes et chaudes, l'Amas du Trapèze, qui se trouve juste en haut à droite de l'image. Le rayonnement ultraviolet puissant et intense de l'amas crée un environnement chaud et ionisé dans la partie supérieure droite, et érode lentement la barre d'Orion.

Les molécules et la poussière peuvent survivre plus longtemps dans l'environnement dense et protégé offert par la barre d'Orion, mais l'énergie des étoiles sculpte une région qui présente une richesse incroyable de filaments, de globules, de jeunes étoiles avec des disques et des cavités.

Embryons stellaires

Sur la gauche, on distingue une jeune étoile à l'intérieur d'un globule, encore encastrée dans son environnement natal. Lorsque les nuages denses de gaz et de poussières deviennent instables, ils s'effondrent en embryons stellaires. Ceux-ci deviennent progressivement plus massifs jusqu'à ce qu'ils puissent entamer une fusion nucléaire dans leur noyau et commencer à briller.

A droite, le télescope capture une jeune étoile à l'intérieur de son cocon, un disque de gaz et de poussière. Ces disques sont dissipés ou "photo-évaporés" en raison du fort champ de rayonnement des étoiles proches du Trapèze. Près de 180 de ces disques de photoévaporation (aussi appelées proplyds, voir encadré), éclairés de l'extérieur autour de jeunes étoiles, ont été découverts dans la nébuleuse d'Orion. Celui-ci, nommée HST-10, est l'un des plus grands connus. L'orbite de Neptune, huitième planète du Système solaire, est représentée par un petit ovale orangé à titre de comparaison.

En bas à droite de l'image sont mis en évidence des filaments fins et sinueux, particulièrement riches en molécules d'hydrocarbures et en hydrogène moléculaire. Les scientifiques pensent qu'ils sont créés par les mouvements turbulents du gaz au sein de la nébuleuse. Les filaments denses de matière pourraient favoriser la naissance d'une nouvelle génération d'étoiles et de systèmes stellaires. Ces derniers sont constitués d'une proto-étoile centrale entourée d'un disque de poussières et de gaz à l'intérieur duquel se forment des planètes.

Mieux comprendre notre Système

La région interne de la nébuleuse d'Orion serait un environnement similaire à celui où est né notre Système solaire il y a plus de 4,5 milliards d'années. L'étudier permet de mieux comprendre les conditions régnant à cette époque.

Le rayonnement ultraviolet intense des jeunes étoiles massives, qui est capable de façonner les nuages de poussières et de gaz, est notamment un phénomène sur lequel les scientifiques veulent se pencher: son influence sur son environnement est une question clef.

Stéphanie Jaquet

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Les disques protoplanétaires de la Nébuleuse d'Orion

Grâce au télescope Hubble, les astronomes avaient déjà publié en mi-décembre 2009 un atlas des proplyds de la Nébuleuse d'Orion. Proplyd, ou "protoplanetary disc" en anglais, désigne un disque protoplanétaire, soit un embryon de système planétaire.

Les équipes de recherche ont identifié deux types de disques dans les plis gazeux de la Nébuleuse d'Orion, autour des jeunes étoiles en formation: ceux qui se trouvent près de la très brillante étoile θ1 Orionis C et ceux qui en sont le plus éloignés.

Un atlas de disques protoplanétaires se trouvant dans la Nébuleuse d'Orion. Images prises par Hubble, publiées le 14 décembre 2009. [NASA/ESA - L. Ricci (ESO)]
Un atlas de disques protoplanétaires se trouvant dans la Nébuleuse d'Orion. Images prises par Hubble, publiées le 14 décembre 2009. [NASA/ESA - L. Ricci (ESO)]

L'étoile brillante réchauffe le gaz dans les disques proches, ce qui les fait briller. Les disques les plus éloignés ne reçoivent pas suffisamment de rayonnement énergétique pour enflammer le gaz; ils ne peuvent donc être détectés que comme des silhouettes sombres sur le fond de la nébuleuse brillante. En effet, la poussière qui les entoure absorbe la lumière visible de fond. En étudiant ces disques silhouettés, les astronomes peuvent caractériser les propriétés des grains de poussière dont on pense qu'ils se lient entre eux et forment éventuellement des planètes comme la nôtre.

Dans les disques les plus brillants, la matière excitée produit de nombreuses pointes lumineuses, qui font toutes face à l'étoile brillante, mais qui, de notre point de vue, sont orientées de façon aléatoire dans la nébuleuse.

D'autres caractéristiques intéressantes sont notamment les jets de matière émergents et les ondes de choc: ces dernières se forment lorsque le vent stellaire de l'étoile massive voisine entre en collision avec le gaz de la nébuleuse, sculptant des formes diverses.

Deux types d'informations différentes

La région interne de la nébuleuse d'Orion vue par les télescopes spatiaux Hubble (à gauche) et James Webb (à droite). Les clichés pris par le JWST démontrent une fois encore ses performances exceptionnelles.

La région interne de la nébuleuse d'Orion vue par les télescopes spatiaux Hubble (à gauche) et James Webb (à droite). [NASA/ESA/CSA - PDRs4All ERS Team/Salomé Fuenmayor/Olivier Berné]
La région interne de la nébuleuse d'Orion vue par les télescopes spatiaux Hubble (à gauche) et James Webb (à droite). [NASA/ESA/CSA - PDRs4All ERS Team/Salomé Fuenmayor/Olivier Berné]

L'image de Hubble est dominée par l'émission de gaz ionisé chaud, mettant en évidence le côté de la barre d'Orion qui fait face à l'amas de Trapèze (en haut à droite).

L'image de Webb montre également la matière moléculaire plus froide, légèrement plus éloignée de l'amas de Trapèze (comparez l'emplacement de la barre d'Orion par rapport à l'étoile brillante θ2 Orionis A, par exemple).

La vision infrarouge sensible de James Webb peut scruter d'épaisses couches de poussière et voir des étoiles moins brillantes, permettant aux scientifiques d'étudier ce qui se passe en profondeur dans la nébuleuse.