Publié

Les smartphones regardent vers les satellites

Les smartphones peuvent désormais communiquer avec les constellations de satellites [Keystone]
Les smartphones regardent vers les satellites / La Matinale / 1 min. / le 15 septembre 2022
Internet venu de l’espace directement dans son smartphone. C’est la nouvelle tendance chez les géants du numérique, dont Huawei, Apple ou Elon Musk. Les annonces s’enchaînent pour permettre de communiquer grâce aux satellites.

Sur un marché des smartphones en proie à l’inflation, aux problèmes d’approvisionnement et en mal d’innovations marquantes, les grandes marques et les opérateurs télécoms lorgnent vers les constellations de nanosatellites en orbite autour de la Terre à moins de 2000 km.

Fin août, Elon Musk (Tesla, SpaceX, Neuralink) a présenté son alliance avec l’opérateur T-Mobile et ses 80 millions d’abonnés aux Etats-Unis. Dès l’année prochaine, sa société Starlink fournira une connexion à Internet partout aux USA, grâce à ses 2000 minisatellites.

Les deux autres géants des télécoms américains ont également signé des accords stratégiques. Verizon avec les satellites d’Amazon et AT&T avec OneWeb. La course est lancée avec une promesse: les clients pourront envoyer des messages même s’il n’y a pas de 4G ou de 5G terrestre. Fini les zones blanches sans connexion.

Le marché des "Satphones"

Même si la technologie du téléphone par satellite est ancienne, elle est encore balbutiante pour le grand public. Parmi les précurseurs, la start-up Lynk a réussi en 2020 à envoyer un SMS directement d’un satellite vers un téléphone normal. La voie est ouverte.

Le système de message par satellite d'Apple [Apple]
Le système de message par satellite d'Apple [Apple]

Les fabricants de smartphones, aussi, misent sur les satellites. Les derniers iPhone 14 peuvent envoyer des SMS aux Etats-Unis grâce à l’espace. Dans un premier temps, Apple offre ce service gratuitement pendant deux ans.

Il s’agit d’un message d’urgence uniquement. La technologie "associe des composants sur mesure étroitement intégrés au logiciel pour permettre aux antennes de se connecter directement à un satellite afin d’envoyer un message aux services d’urgence en l’absence de couverture cellulaire ou Wi-Fi", selon le communiqué d’Apple.

Les constructeurs chinois ne sont pas en reste. Le nouveau Mate 50 est aussi capable de communiquer avec les satellites et d’envoyer des messages d’alerte. Huawei a signé un accord avec Beidou, le système GPS chinois.

Du réseau partout

Mais on est encore loin de l’efficacité des antennes terrestres 5G. Il faut, par exemple, au minimum 1 minute pour envoyer un petit message satellite avec l’iPhone 14. "La fonctionnalité Appel d’urgence par satellite a été conçue pour une utilisation en extérieur avec une vue dégagée du ciel", précise le communiqué d’Apple. Les arbres et les maisons peuvent perturber la liaison.

Pour l’instant, il s’agit surtout de pouvoir envoyer un message d’urgence, uniquement en texte, quand on se trouve en difficulté en montagne ou en mer. Mais la vitesse va progressivement augmenter. Starlink annonce déjà pour l’année prochaine un débit pouvant aller jusqu’à 4 mégas par seconde sur une zone.

Le service "n'aura pas le genre de bande passante qu'un terminal Starlink posséderait, mais permettra d'envoyer des textos, des images, et s'il n'y a pas trop de monde dans la zone mobile, vous pourriez même potentiellement avoir un peu de vidéo", affirme Elon Musk.

Toujours plus de satellites

Le discours marketing est bien rôdé. En permettant ces appels aux urgences, les téléphones portables vont sauver des vies. Mais c’est également une grande affaire commerciale. La rencontre entre deux mondes.

D’un côté, les vendeurs de smartphones qui peinent à trouver des innovations pour vendre des téléphones et, de l’autre côté, des opérateurs satellites qui doivent rapidement rentabiliser les millions investis pour leurs constellations de nanosatellites.

Apple vient de financer pour 300 millions de francs le lancement des 17 satellites de Globalstar, son nouveau partenaire. En échange, ils pourront utiliser 85% de la bande passante. En attendant, les lancements de nouveaux satellites vont bon train.

Starlink fait déjà tourner 2000 satellites. Le fondateur d'Amazon, Jeff Bezos, a récemment annoncé qu'il comptait lancer quelque 3200 satellites. La Chine veut 13'000 satellites pour sa constellation Guowang. Finalement, l’Union européenne devrait avoir son propre réseau de 250 satellites d’ici 2024.

Pascal Wassmer

Publié

SpaceX ne devrait pas avoir besoin de 40'000 satellites pour sa constellation Starlink

"Nous voulons bien sûr lancer plus de satellites car de plus en plus de gens veulent utiliser le service", insuffisant notamment aux États-Unis, a affirmé à quelques journalistes la directrice des opérations de SpaceX Gwynne Shotwellla. Mais "je ne pense pas que nous aurons besoin de 40'000 satellites pour fournir un bon service au niveau mondial", a-t-elle ajouté.

Des satellites plus massifs, dotés d'antennes plus grandes et de meilleure capacité, comme ceux de la prochaine génération que SpaceX s'apprête à mettre en orbite, permettront selon elle d'en réduire le nombre.

L'explosion du nombre de satellites, notamment à quelques centaines de kilomètres d'altitude, fait craindre un encombrement de l'orbite basse et la multiplication des débris en cas de collision. Certains astronomes mettent par ailleurs en garde contre la pollution visuelle, néfaste pour leurs observations.

Le service Starlink, lancé fin 2020, permet aux habitants des zones mal desservies par les réseaux fixes et mobiles des opérateurs télécoms d'avoir accès à internet à haut débit. Le service est également proposé pour les navires et avions commerciaux ainsi qu'aux petites entreprises.

Il nécessite une antenne et un wifi vendus près de 600 francs et un abonnement de 94 francs par mois pour la Suisse.

Selon Gwynne Shotwell, Starlink compte plus de 700'000 clients dans le monde, dont 75'000 en Europe. Et, pour la première fois, "cette année, nos revenus pourraient couvrir nos coûts opérationnels", a-t-elle indiqué.

"L'important, c'est que cela signifie qu'il n'y aura plus de zones blanches -nulle part dans le monde- pour votre téléphone", a affirmé Elon Musk lors de la conférence de presse de présentation du partenariat avec T-Mobile, sur le site Starbase de SpaceX au Texas. [Keystone - Miguel Roberts]
"L'important, c'est que cela signifie qu'il n'y aura plus de zones blanches -nulle part dans le monde- pour votre téléphone", a affirmé Elon Musk lors de la conférence de presse de présentation du partenariat avec T-Mobile, sur le site Starbase de SpaceX au Texas. [Keystone - Miguel Roberts]