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Le trou noir au centre de la Voie lactée a généré une bulle de gaz

L'orbite du point chaud autour de Sagittaire A*, le trou noir au centre de la Voie lactée.
Le trou noir au centre de la Voie lactée a généré une bulle de gaz / Le Journal horaire / 3 min. / le 26 septembre 2022
Des astronomes ont observé l'apparition fugitive d'une bulle de gaz circulant à des vitesses "ahurissantes" autour du trou noir qui se trouve au centre de notre galaxie, la Voie lactée, selon une étude. La durée de vie du phénomène n'a pas dépassé quelques heures.

La détection de cette bulle pourrait fournir des informations sur le comportement des trous noirs, affirme l'étude parue la semaine dernière. Ces objets astronomiques sont d'autant plus mystérieux, qu'ils sont littéralement invisibles, leur force de gravitation étant telle que même la lumière ne peut s'en échapper.

Sagittarius A* est un trou noir quatre millions de fois plus massif que notre Soleil qui réside au centre de notre Voie lactée. Cet objet dit supermassif se trouve à environ 27'000 années-lumière de la Terre. Il a été détecté grâce au mouvement d'étoiles en orbite autour de lui.

La collaboration EHT, un réseau mondial de radiotélescopes, a publié en mai dernier la première image de l'anneau de matière ceinturant le trou noir avant d'y être absorbé.

>> Lire : Le trou noir supermassif au centre de notre galaxie enfin photographié

ALMA, un de ces radiotélescopes, situé dans les Andes du Chili, a capté en avril 2017 un signal "très surprenant" dans les données d'observation de Sagittarius A*, a expliqué à l'AFP l'astrophysicien Maciek Wielgus, de l'institut allemand Max Planck, premier auteur de ce papier scientifique. Quelques minutes avant la collecte de ces données par ALMA, le télescope spatial Chandra a détecté "une énorme émission" de rayons X en provenance de Sagittarius A*, a-t-il détaillé.

D'origine magnétique

Cette bouffée d'énergie, jugée similaire aux tempêtes solaires du Soleil, a projeté une bulle de gaz à toute vitesse autour du trou noir, selon l'étude parue dans la revue Astronomy and Astrophysics. Cette boule incandescente tourne sur une orbite similaire en taille à celle de la planète Mercure.

ALMA (l'Atacama Large Millimeter/submillimeter Array) regardant la Voie lactée ainsi que l'emplacement de Sagittarius A*, le trou noir supermassif au centre de notre galaxie. L'image de Sgr A* prise par la collaboration de l'Event Horizon Telescope (EHT) est mise en évidence dans l'encadré. Situé dans le désert d'Atacama au Chili, ALMA est le plus sensible de tous les observatoires du réseau EHT. [EHT Collaboration - ESO/José Francisco Salgado (josefrancisco.org)]
ALMA (l'Atacama Large Millimeter-submillimeter Array) regardant la Voie lactée ainsi que l'emplacement de Sagittarius A*, le trou noir supermassif au centre de notre galaxie. L'image de Sgr A* prise par la collaboration de l'Event Horizon Telescope (EHT) est mise en évidence dans l'encadré. Situé dans le désert d'Atacama au Chili, ALMA est le plus sensible de tous les observatoires du réseau EHT. [EHT Collaboration - ESO/José Francisco Salgado (josefrancisco.org)]

Le phénomène observé pendant environ une heure et demie a permis de calculer que la bulle de gaz – aussi nommée "point chaud" – effectuait une orbite complète autour du trou noir, dans le sens des aiguilles d'une montre, en seulement 70 minutes, soit à une vitesse équivalant à 30% de celle de la lumière, qui va à 300'000 km par seconde: une vitesse qui "défie l'imagination", selon Maciek Wielgus. Les astronomes prévoient également que ce phénomène gazeux devient plus faible et plus lumineux alors qu'il fait le tour du trou noir.

Ce point chaud serait d'origine magnétique, selon une théorie exposée par le scientifique. Le champ magnétique du trou noir est si puissant qu'il empêche une partie de la matière circulant autour d'y être absorbé. Mais cette accumulation de matière débouche sur une "éruption de flux", qui fait une brèche dans le champ magnétique et relâche une bouffée d'énergie, sous la forme d'une bulle de gaz, selon l'astrophysicien.

Les observations effectuées sur ces champs magnétiques doivent aider à comprendre le fonctionnement des trous noirs. Elles pourraient aussi indiquer à quelle vitesse ces trous noirs tournent sur eux-mêmes. C'est l'espoir de Maciek Wielgus: "Avec un peu de chance, un jour, nous seront suffisamment à l'aise pour dire que nous 'savons" ce qui se passe dans Sagittarius A*", a-t-il conclu.

>> Lire aussi : L'Humanité voit de ses yeux un trou noir pour la première fois de l'Histoire

Stéphanie Jaquet et l'ats

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