Ellon Musk, le milliardaire qui fait non. Mais qui finit par faire oui. Le patron de Tesla et de SpaceX a proposé, encore, de racheter Twitter au prix convenu au mois d'avril. Une décision prise sous la pression de poursuites lancées par le réseau social, pour le forcer à honorer ses engagements. Une saga à multiples rebondissements qui risque de durer encore longtemps.
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On ne compte plus les commentaires, les hypothèses et les analyses sur les motivations d'Elon Musk. Va-t-il bien racheter Twitter pour 44 milliards de dollars? Quels sont ses plans cachés? Quelle sera sa stratégie?
Depuis que des centaines d'e-mails et SMS ont été rendus publics par la Cour de chancellerie du Delaware, dans le cadre du procès qui l'oppose à Twitter, c'est la fin du suspense: il n'y avait pas de stratégie.
Dans le rapport rendu public, on découvre les échanges écrits (SMS, e-mail, messages privés sur Twitter) du patron de Tesla avec de grands pontes de la tech comme Mathias Döpfner, le PDG du groupe de presse Axel Springer, avec Larry Ellison, le fondateur d'Oracle, ou encore le business angel (ndlr: investisseur) Jason Calacanis, suite à l'annonce du rachat.
Peu imaginatifs et flagorneurs
On les imaginait puissants, mais on découvre un boy's club à l'humour potache qui ose les messages serviles, les pitch excessifs et la flatterie désinvolte.
Le très zélé investisseur Jason Calacanis écrit: "Tu as mon allégeance, tu as mon épée". Il envoie des dizaines de messages jusqu'à 3 du matin du matin avec des idées pour "changer le monde".
De son côté Mathias Döpfner, président du groupe de presse Axel Springer (qui détient L’Illustré et TV 8 en Suisse romande), propose au milliardaire américain de tout simplement diriger Twitter à sa place.
Il aimerait le voir devenir "la colonne vertébrale de la liberté d'expression, un marché ouvert pour les idées conformes à l'esprit du premier amendement, pour déplacer le business vers un modèle soutenu par la publicité et des abonnements".
Dans son plan, le PDG souhaite "régler la liberté d’expression" en réduisant les conditions d'utilisation de plusieurs centaines de pages aujourd'hui a seulement trois points: les utilisateurs et utilisatrices de Twitter peuvent utiliser ce service pour envoyer des spams et arnaquer d'autres utilisateurs, promouvoir la violence, poster de la pornographie illégale. Tout cela suivi d'un emoji "tête à l'invers". Avez-vous saisi l'ironie?
Casser l'image
On est loin de l'image que nous avons des hommes d'affaires de la Silicon Valley, que l'on imaginait maîtres de transactions calibrées.
Un monde de geek géniaux qui nous font la promesse de l’intelligence artificielle et du métavers.
Nous leur avons parfois attribué une brillance obscure, de la malveillance souvent. Dans un message, Musk demande à Larry Ellison, patron d'Oracle (fournisseur de logiciels), s'il souhaite investir dans Twitter. "Oui, bien sûr, ce serait rigolo", dit-il. "Un milliard… ou tout ce que tu me recommandes." "2 milliards ou plus si tu peux", lui répond le patron de Tesla. On dirait une soirée de poker entre potes. Avec des jetons d'un milliard sur la table.
Silicon Valley style
Être dans le téléphone d'Elon Musk c'est donc comprendre la culture de la baie de San Francisco, là où se trouve le pôle des industries de pointe. On comprend mieux la culture de l'esbrouffe. De la triche aussi. "Fake it till you make it" - fais semblant jusqu'à ce que ça marche".
C'est sur ce principe qu'Elizabeth Holmes, star de la Silicon Valley, a été condamnée pour fraude au début de cette année. Elle, qui proposait un système censé révolutionner le marché des tests sanguins, qui aurait permis jusqu’à 200 analyses à partir d’une seule goutte de sang prélevée au bout du doigt. Son entreprise Theranos était valorisée à 9 milliards de dollars. Mais c'était une énorme arnaque.
>>A voir: L'histoire d'Elizabeth Holmes, condamnée pour fraude à grande échelle
Triche et surtout cette idée de créer un produit qui ne répond pas à une demande du marché. Pour ensuite l'imposer en disant que c'est "disruptif" et "innovant". Deux mots qui déclenchent un effet pavlovien chez les investisseurs de la vallée.
Lorsque le service de Lyft, concurrent de UBER, a présenté son nouveau service Lyft Shuttle, qui remplaçait les voitures individuelles par des minivan suivant des itinéraires prédéterminés, un internaute a lancé le célèbre tweet : "C’est un bus. Vous avez inventé un bus." Disruptif, c'est cela!
L'industrie de la tech a changé nos vies, avec des inventions qui nous la facilitent: les smartphones, internet qui vient de l'espace, comme le fait Elon Musk avec Starlink. C'est disruptif, l'évolution est rapide et positive aussi.
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Miruna Coca-Cozma