Va-t-on bientôt voir des publicités dans les étoiles?
La publicité, omniprésente, dans nos rues et nos téléphones, pourrait également être visible dans les étoiles. Des chercheurs russes ont développé un système de satellites permettant d’inscrire des symboles ou des lettres dans le ciel. Au niveau théorique, tout est prêt.
Cinquante petits satellites placés en orbite reflètent la lumière du soleil. Ils agissent comme des pixels pour écrire un mot ou dessiner un logo.
Le message serait alors visible depuis la Terre, pendant 3 mois. Les inscriptions pourraient même changer pendant le passage entre deux mégalopoles.
Nombreuses tentatives
La publicité spatiale n’en est pas à son coup d’essai. A la fin des années 90, Pizza Hut posait son logo sur une fusée russe, puis livrait une pizza dans l’espace.
En 1997, la marque de produit laitiers israélienne, Tnouva, tourne la première publicité dans l’espace. On y voit le cosmonaute Vasily Tsibliyev buvant du lait à bord de la station spatiale russe Mir.
Plus proche de nous, en 2018, Tesla a profité d’un vol d’essai de la fusée Falcon Heavy de SpaceX pour envoyer une voiture dans l’espace. Des images publicitaires qui ont fait le tour des réseaux sociaux.
Mais l’idée qui a défrayé la chronique remonte au début des années 90. L’entreprise américaine, Space Marketing, voulait lancer dans l’espace un panneau d’affichage visible à l’œil nu depuis la Terre. Pour nous, il aurait fait la moitié de la taille de la lune.
La polémique enfle. Le sénateur américain James Jeffords fait passer un texte permettant au ministère des Transports d’empêcher l’accès à une licence de lancement de fusée, si l’objectif est de mettre une publicité dans l’espace. Finalement le projet n’aboutit pas, faute d’investisseurs.
Coûts en baisse
Actuellement, les interrogations autour d’une éventuelle pub spatiale sont nombreuses. Sommes-nous prêts à accepter de la publicité dans le ciel? Quel impact pour l’observation astronomique et l’environnement? Les coûts technologiques ne sont-ils pas trop élevés?
C’est sur ce point que l’idée des chercheurs russes paraît pertinente. Ils estiment que leur système coûterait 65 millions de dollars. Avec 24 espaces disponibles en 3 mois, le prix de la pub serait alors moins cher qu’une diffusion pendant le Super Bowl.
Pourquoi en parler aujourd’hui, alors que le projet n’est que théorique? Si tout n’est pas souhaitable, tout est désormais possible en matière spatiale. Il n’y a jamais eu autant d’investisseurs dans le secteur.
Boom du commerce spatial
Les activités commerciales dans l’espace sont en pleine explosion, selon les analystes. En 2020, elles ont généré plus de 350 milliards de francs. Morgan Stanley estime que ce chiffre dépassera les 1000 milliards d’ici 2040.
Aujourd’hui, nous vivons une véritable course économique à l’espace. La France a annoncé le mois dernier un investissement de 9 milliards de francs dans le secteur spatial, pour les 3 prochaines années.
La Suisse investit également dans la recherche spatiale. Le budget 2022 est de 190,5 millions pour la participation à l’Agence Spatiale Européenne.
Il faut ajouter 9,5 millions pour les activités nationales. Et encore 15 millions dans le cadre du programme Horizon Europe (recherche et innovation).
La plus grande réussite suisse dans le domaine spatial est à mettre au crédit d’une start-up de l’EPFL, Clearspace. Elle effectuera la toute première mission de capture d’un débris spatial. C’est un contrat à 100 millions de francs. Lancement prévu en 2026. Aujourd’hui, en Suisse, une centaine d’entreprises travaillent dans le spatial.
Pascal Wassmer