Les poulpes sont des êtres étonnants: ils avancent par propulsion à réaction, aveuglent leurs ennemis avec de l'encre, réussissent à changer l'apparence et la couleur de leur peau de manière instantanée pour se fondre dans leur environnement et leur intelligence pousse à l'admiration.
Et, selon une étude publiée lundi dans Current Biology, même si le cortex visuel des poulpes est bien différent du nôtre, ses yeux sont très similaires à ceux des êtres humains. Des scientifiques de l'Université de l'Oregon, aux Etats-Unis, l'ont remarqué en cartographiant le cerveau de ces invertébrés, et plus particulièrement leur système visuel.
Une découverte étonnante car notre ancêtre commun remonte à plus de 500 millions d'années. Depuis, l'espèce humaine et les autres vertébrés n'ont plus croisé leurs gènes avec ces mollusques marins et pourtant les yeux ont évolué presque de la même manière: comme si la vision devait forcément fonctionner comme elle fonctionne.
>> L'œil du poulpe et de l'être humain:
Les céphalopode ne perçoivent pas les couleurs mais voient en noir et blanc., c'est ce qu'a montré une recherche de 2016. Par ailleurs, leurs photorécepteurs sont orientés différemment par rapport aux vertébrés.
Un cerveau dédié à la vue et une peau qui voit
Les poulpes et les vertébrés ont tous deux développé une lentille entourée de la pupille, qui fait converger les rayons lumineux sur une rétine qui transmet ensuite l'information au cerveau. Et tout cela alors que céphalopodes et vertébrés ont une morphologie, un mode de vie et des habitats complètement différents. Si la physiologie de l'œil est la même, le cortex visuel, qui interprète les images, est structuré totalement autrement, selon cette nouvelle étude.
Le poulpe consacre les deux tiers de son cerveau à la vue; l'espèce humaine seulement environ un cinquième. Et les céphalopodes possèdent des fonctions que nous, êtres humains, ne connaissons pas comme par exemple voir avec sa peau. Celle-ci comporte les mêmes protéines pigmentaires que ses yeux, ce qui leur permettent de décoder en quelque sorte leur environnement, puis de le reproduire sur leur peau et ainsi se camoufler de manière idéale.
Cette cartographie du cerveau du poulpe est une ressource pour les autres neuroscientifiques, car elle fournit des détails pour de futures expériences. Elle pourrait également renseigner la science sur l'évolution du cerveau et des systèmes visuels en général.
Sujet radio: Bastien Confino
Article web: Stéphanie Jaquet