Non, il n'y a pas eu une explosion de naissances neuf mois après le début de la pandémie de SARS-CoV-2, contrairement à ce que l'on aurait pu croire.
En janvier 2021, soit neuf à dix mois après les premiers pics épidémiques et les premiers confinements, les naissances dans vingt-quatre pays européens ont diminué de 14% en janvier 2021 par rapport au nombre moyen de naissances en janvier 2018 et 2019.
C'est ce que montrent les données sur les naissances mensuelles en Europe, collectées à partir de la Human fertility database, compulsées pour une étude publiée dans le journal Human Reproduction en octobre par une équipe de recherche du CHUV, de l'UNIGE et de la Haute Ecole de Santé Vaud (HESAV).
"Plus les confinements étaient longs, moins il y a eu de grossesses"
"La baisse des naissances neuf mois après le début de la pandémie semble être plus courante dans les pays où les systèmes de santé étaient en difficulté et où la capacité des hôpitaux était dépassée, ce qui a conduit à des confinements et à des mesures de distanciation sociale pour tenter de contenir la pandémie", commente le premier auteur de l'étude, le docteur Léo Pomar, sage-femme échographiste au CHUV et professeur associé à HESAV.
"Plus les confinements étaient longs, moins il y a eu de grossesses pendant cette période, même dans les pays peu touchés par la pandémie", ajoute-t-il. "Les craintes des couples d'une crise sanitaire et sociale au moment de la première vague de Covid-19 ont certainement contribué à la diminution de naissances vivantes neuf mois plus tard".
La leçon des autres pandémies
La Suisse a aussi fait partie de l'analyse et une décroissance de 5,4% des naissances mensuelles a été observée en janvier 2021 en comparaison de la moyenne de janvier 2018-19. Selon les autrices et auteurs de l'étude, "les conditions socio-économiques favorables sont peut-être un facteur limitant la baisse des naissances pendant les crises".
Les scientifiques notent aussi dans leur abstract que les pandémies précédentes des XXe et XXIe siècles "ont été associées à une baisse des taux de natalité neuf mois après leur pic et à un rebond des naissances au fil du temps. Les confinements étaient nécessaires pour contrôler la première vague de la pandémie de Covid-19 et peuvent avoir eu un impact sur les taux de natalité ultérieurs".
sjaq