Au Qatar, des supporters de foot sous haute surveillance

La Coupe du Monde commence dans une semaine, le 20 novembre. Récemment, un responsable qatari a prononcé avec fierté ces phrases: "Ce que vous voyez ici est un nouveau standard. C'est la contribution du Qatar pour le monde du sport. Ce que vous voyez ici, c'est l'avenir". Or cet avenir est fait de contrôle permanent, de surveillance et de pistage continu des téléphones.

Les supporters qui se rendront au Qatar seront surveillés en permanence. Il y aura d'abord des drones qui survoleront non-stop les abords des stades et les rues les plus fréquentées.

15'000 caméras

Et il y aura surtout plus de 15'000 caméras qui filmeront en permanence les supporters. Impossible d'y échapper, ces caméras seront installées dans les huit stades et dans les rues. Et elles seront toutes dotées de technologies de reconnaissance faciale.

Cela pose d'abord un souci éthique: c'est la fin de la vie privée, avec une sorte de super big brother qui suit les déplacements au mètre près.

Et il y a aussi un problème de fiabilité. La biométrie est très loin d'être infaillible. La reconnaissance faciale avait été utilisée en 2017 lors de la finale de la ligue des champions à Cardiff. Et là, catastrophe. Le système biométrique s'était complètement trompé, en identifiant plus de 2200 supporters comme des criminels. Heureusement, la police n'avait procédé à aucune arrestation.

Risques de dérive

Le système avait ensuite été abandonné, mais il a été réintroduit plus tard. La reconnaissance faciale a d'immenses faiblesses. Mais elle progresse dans les stades, au Danemark, aux Pays-Bas et en France.

En Suisse, la tentation est forte, avant tout pour lutter contre le hooliganisme. Face à ce fléau, le FC Sion avait introduit les billets nominatifs l'année passée, avant de faire machine arrière. Et à ce moment-là, les autorités valaisannes avaient émis une idée: installer des caméras de reconnaissance faciale à l'entrée au stade.

Cette idée ne s'était pas concrétisée. Mais la pression est importante pour mettre en place un peu partout des systèmes de reconnaissance faciale, alors que les risques de dérives sont énormes.

Applications fouineuses

Revenons au Qatar: en arrivant dans le pays, les supporters devront télécharger deux applications dans leur téléphone. La première app est censée aider à lutter contre la pandémie. Mais cette application se donne des droits surréalistes: elle est capable de lire le contenu du téléphone, de le modifier et même de l'effacer. Et évidemment, l'app peut localiser en permanence l'utilisateur.

Une autre application, utilisée pour stocker les billets des matches, analyse toutes les connexions du téléphone et peut l'empêcher de se mettre en veille.

Anouch Seydtaghia