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Elon Musk, à la fois génie scientifique et escroc médiatique

"Enquête sur Elon Musk, l’homme qui défie la science", un livre d'Olivier Lascar. [editionsleduc.com]
Elon Musk, à la fois génie scientifique et escroc médiatique / Médialogues / 21 min. / le 23 novembre 2022
Elon Musk a racheté Twitter, il fait voler des fusées, déploie des satellites par milliers ou promet la voiture autonome avec Tesla. Un peu "escroc", le milliardaire est surtout un "génial accélérateur de technologies", décrypte Olivier Lascar dans Médialogues.

"Elon Musk est devenu une sorte de people, c'est-à-dire quelqu'un dont tout le monde a entendu parler désormais", indique Olivier Lascar, rédacteur en chef du digital du magazine Sciences et Avenir - La Recherche.

Cette notoriété remonte à 2013, quand Elon Musk dévoile "un recueil de technologie consacré à l'Hyperloop, ce projet de train qui circulerait dans des tunnels sous vide à la vitesse d'un avion", indique l'auteur du livre "Elon Musk, l'homme qui défie la science", invité dans l'émission Médialogues.

"Génial accélérateur de technologies"

Le livre d'Olivier Lascar est sous- titré "Elon Musk, génie ou escroc?". Or, "aujourd'hui, je dirais qu'il est à 66% génial et à 30% escroc. Mais il est quand même génial, parce que c'est un accélérateur de technologies (...) et c'est quelqu'un qui, malgré la polémique, fait rêver", estime le journaliste.

Lors de la présentation de l'Hyperloop, l'emballement médiatique international a fait dire qu'Elon Musk en était l'inventeur. Mais "c'est complètement faux. Il reprend des idées qui viennent notamment de Swissmetro et des Américains avaient aussi déposé des brevets sur ce sujet".

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Il n'est pas non plus à l'origine de Tesla. La marque est "intimement liée à Elon Musk, alors que la société a été fondée par deux ingénieurs américains, Tarpenning et Eberhardt", au début des années 2000. "En revanche, ce qu'est devenu Tesla et cette obsession de la voiture autonome (...) c'est quand même Elon Musk qui a infusé cette idée".

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"On lui associe beaucoup d'innovations de rupture, alors qu'il n'en est pas à l'origine. Mais il faut rendre à César ce qui revient à César, il sait faire monter la mayonnaise et rendre les choses concrètes", poursuit Olivier Lascar.

Quand Mars cache une nuée de satellites

Elon Musk poursuit aussi des rêves de conquête spatiale, avec SpaceX, qui a des contrats avec la Nasa, c'est-à-dire avec l'administration américaine. Mais il vise plus loin que la Lune et parle de colonisation de la planète Mars. Dans ce cas, il applique la méthode du fusil à deux coups, selon une expression d'Olivier Lascar dans son livre. Il focalise l'attention sur ce projet spatial encore très lointain, alors qu'il développe son réseau de satellites Starlink "presque en douce".

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Elon Musk poursuit vraiment le projet d'aller sur Mars. Mais alors que ce sujet polarise les débats, notamment en raison des ressources nécessaires alors qu'"on essaye de mettre en place les conditions qui pourraient sauver la Terre", "un beau matin, les astrophysiciens nous tirent par la manche en disant: 'mais qu'est -ce que c'est que ces trucs qu'on voit dans le ciel. On ne peut plus observer le ciel la nuit tranquillement' en raison du nombre de satellites Starlink installés sur l'orbite basse de la Terre pour fournir un service Internet à l'entièreté du Globe.

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Et en passant, Elon Musk met en place "un business complètement vertical, car il conçoit les fusées pour lancer ses satellites, qui eux-mêmes délivrent son service Internet. Il est en train d'installer un monopole pour un accès mondial au web et c'est évidemment inquiétant".

Actuellement, 2000 appareils Starlink sont en orbite, sur 9000 satellites existants autour de la Terre. Or, Elon Musk prévoit d'en lancer 42'000 en tout. Un chiffre énorme qui s'explique par le fait que ces satellites sont installés en orbite basse. Ils vont perdre graduellement un peu d'altitude, rentrer progressivement dans l'atmosphère terrestre, et y être détruits par les frottements. "Musk sait que pour que son réseau mondial soit fonctionnel, il y aura un taux de renouvellement assez important. Et ce chiffre de 42'000 intègre les satellites de remplacement", explique Olivier Lascar.

Des implants dans le cerveau

Elon Musk investit aussi dans un projet moins connu du grand public. Avec Neuralink, il veut "équiper les cerveaux de puces électroniques qui permettront un usage ludique d'une connexion avec des ordinateurs, c'est-à-dire jouer aux jeux vidéo par la pensée". Cela fait beaucoup parler, mais il s'agit d'un "scénario lointain (...), c'est de la science-fiction, c'est du Philip K.Dick".

Cette société travaille aussi sur des implants miniaturisés qui pourront être placés dans les cerveaux de personnes souffrant d'affections neurologiques, comme la maladie de Parkinson. Le produit est encore en phase de développement, mais s'il aboutit, Neuralink pourrait "avaler un marché" qui concerne potentiellement énormément de personnes, indique Olivier Lascar.

Propos recueillis par Antoine Droux

Adaptation web: cab

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