Vingt mille caméras qui filment tous les recoins des 8 stades de la Coupe du monde au Qatar. Dans un Mondial hypersécurisé, l’intelligence artificielle prend une part prépondérante dans la surveillance.
Des caméras spéciales qui réagissent aux expressions sur les visages. Aucune Coupe du monde n’a bénéficié d’une technologie aussi avancée. Un véritable Big Brother.
"Ce que vous voyez ici est un nouveau standard, une nouvelle tendance dans l'exploitation des stades. C'est la contribution du Qatar pour le monde du sport. Ce que vous voyez ici est l'avenir", annonçait en mars dernier Niyas Abdulrahiman, directeur technique du centre de commandement et de contrôle Aspire.
Reconnaissance faciale
L’objectif des caméras hi-tech peut zoomer sur les visages de tous les spectateurs assis dans le stade. Tout en gardant une très haute qualité d’image. Une technologie qui permet à l’intelligence artificielle d’analyser les réactions des fans.
L’ordinateur pointe en temps réel les supporters en colère, à l’intérieur du stade, comme à l’extérieur. Selon les organisateurs, il ne faut que quelques minutes à l’ordinateur pour retrouver un enfant perdu qui pleure dans la foule.
L’intelligence artificielle permet aussi de repérer et d’anticiper les mouvements de foule. "Vous pouvez diffuser des contenus sur les écrans dans les couloirs pour tout scénario sur lequel vous voulez communiquer avec les fans", dans un stade ou dans plusieurs en même temps, affirme Niyas Abdulrahiman.
"Il est possible de savoir combien de personnes se trouvent à un endroit à un moment donné et combien de métros et de bus sont à proximité. Il existe également des modèles virtuels de chaque enceinte afin de trouver le meilleur moyen d'accéder à une salle ou à un équipement spécifique".
Tour de contrôle connectée
Tout se passe dans un énorme centre de contrôle situé près du stade international de Khalifa. Selon un reportage du Telegraph, ils sont 85 opérateurs à se relayer en permanence devant les écrans.
Ce sont eux qui analysent les recommandations de l’intelligence artificielle pour déployer les équipes sur le terrain. Mais beaucoup d'actions peuvent se faire à distance. Ouvrir ou fermer des portes, mais aussi régler la température du stade.
Ici, la stratégie est d'anticiper les problèmes. Tout est fait pour fluidifier les mouvements et écarter les éléments perturbateurs. Les images vidéo sont, elles, conservées pendant un maximum de 120 jours.
Mais est-ce que ça fonctionne ? Il va falloir observer ça attentivement durant ce Mondial. Pour l’instant, de l’aveu même des organisateurs, certains programmes d'intelligence artificielle ne sont pas aussi performants que voulu.
L'ordinateur peine à faire la différence entre un supporter en colère à cause d’une action de football et un fan prêt à se bagarrer. Le maquillage est également problématique pour les caméras. Les drapeaux peints sur le visage perturbent les algorithmes.
Pascal Wassmer
Avec le hors-jeu semi-automatique, les robots à la rescousse
Quatre ans après l'arrivée de l'assistance vidéo à l'arbitrage (VAR) au Mondial russe, les amoureux du ballon rond découvrent au Qatar une nouvelle innovation, le hors-jeu semi-automatique, censé accélérer et fiabiliser les décisions arbitrales.
Fruit de "trois années de recherches et de tests", expérimentée lors de la Coupe arabe fin 2021 puis pendant le Mondial des clubs, la "technologie semi-automatisée du hors-jeu" (SAOT) a été validée par l'instance mondiale début juillet.
L'idée, reprise cette saison par l'UEFA en Ligue des champions, est de repousser les limites de l'oeil humain, trop imprécis pour établir à tout moment la position des joueurs et du ballon, donc déterminer finement une ligne de hors-jeu.
"Nous savons que, parfois, le processus de vérification d'un éventuel hors-jeu prend trop de temps, surtout lorsque cela se joue à quelques centimètres", soulignait début juillet l'Italien Pierluigi Collina, président de la commission des arbitres de la Fifa.
Au Qatar, ce système utilise douze caméras placées sous le toit des stades, et contrôle "jusqu'à 29 points de données" par joueur "50 fois par seconde", dont "les extrémités et membres pertinents pour l'analyse des situations de hors-jeu".
Comme tout dépend du moment exact où le ballon est joué, un capteur placé au centre de "l'Al Rihla", le ballon officiel, envoie des données "500 fois par seconde" à la salle de visionnage, déclenchant un processus en deux temps.