Préserver la biodiversité en faisant revivre des espèces disparues?

Le sommet des Nations unies sur la biodiversité s'est ouvert cette semaine à Montréal avec un défi colossal: parvenir à un accord international pour sauver les espèces et les milieux naturels. Actuellement, on estime qu'environ un million d'espèces végétales et animales sont menacées d'extinction irréversible.

Irréversible car une fois les derniers spécimens disparus, il est impossible pour la nature de ressusciter une espèce. Une situation critique que les spécialistes décrivent comme une extinction de masse. Le dernier phénomène comparable date d'il y a 66 millions d'années, avec la disparition des dinosaures.

Ressusciter les animaux, de la science-fiction?

Mais alors, est-il possible grâce aux progrès de la science de ressusciter les animaux, ou au moins de sauver les gènes des espèces menacées?

Derrière ce fantasme, il y a bien sûr d'abord le cinéma, qui a par exemple donné lieu à l'une des sagas les plus rentables de l'histoire du Box Office, Jurassic Park: trois Oscars et 900 millions de dollars de bénéfices pour Steven Spielberg, qui a mis il y a quelques années sur le devant de la scène le sujet de la "désextinction des espèces."

Vers de nouvelles possibilités

Dans la réalité, les dinosaures ont disparu il y a bien trop longtemps pour qu'on retrouve du matériel génétique suffisamment préservé. Tyrannosaure, ptérosaures et autre diplodocus ne repeupleront donc pas la Terre.

Pour d'autres espèces en revanche, disparues il y a moins longtemps, les possibilités existent. C'est par exemple le cas du Mammouth laineux, qui s'est éteint il y a 4000 ans. Des chercheurs ont retrouvé des spécimens très bien conservés dans le permafrost en Sibérie.

Plusieurs équipes en Corée du Sud, au Royaume-Uni ou encore en Amérique du Sud tentent désormais d'introduire ce matériel génétique dans des embryons d'éléphants, avec l'idée de récréer des mammouths laineux. Les experts les plus optimistes estiment que dans quelques années seulement, cette espèce pourra revenir à la vie.

>> Revoir le reportage du 12h45 sur les biologistes qui tentent de redonner vie aux mammouths :

L'importance de la préservation des écosystèmes

Certains pourraient se dire qu'il n'est donc plus nécessaire de s'inquiéter de la disparition des espèces, dès lors qu'il est possible de les faire revivre. Dans les faits pourtant, les prouesses de laboratoire ne suffisent pas à régler la question de leur viabilité, qui dépend surtout de leur habitat.

Avoir un mammouth laineux dans un zoo n'aurait en effet que peu d'intérêt. Il s'agit donc avant tout de réussir à préserver les écosystèmes existants.

Toute une approche scientifique allant ce sens s'est d'ailleurs développée. Elle prône "le réensauvagement" de notre environnement, avec la réintroduction d'espèces dans des milieux où la nature aurait repris ses droits. Les progrès de la science n'ont alors que peu d'influence, car il s'agit avant tout de faire preuve d'humilité et de laisser la vie sauvage se réguler, comme elle le fait depuis des millions, voire des milliards d'années.

Sophie Iselin/ther