A Berne, le Parlement en a appelé lundi à une stratégie offensive de la Confédération, par exemple en produisant de l’hydrogène vert indigène, ce qui est notamment possible à partir de déchets organiques.
A Pfäffikon (SZ), une start-up s'est lancé ce défi. Pour y parvenir, ses ingénieurs ont développé une machine unique capable de transformer par gazéification tout type de matériaux en énergie.
François Rupert, directeur de l'innovation chez Clean Carbon Conversion, explique ce procédé lundi dans le 19h30 de la RTS: "Concrètement, cela veut dire qu'à partir de déchets ou de résidus, on arrive à produire de l'hydrogène propre ou de la chaleur. Actuellement, la transformation de résidus en énergie est devenue économiquement intéressante, d'autant plus que l'énergie a aujourd'hui tout particulièrement beaucoup de valeur et que la masse de résidus dans le monde augmente constamment."
Le fort potentiel de la biomasse océanique
Plastique, métaux, déchets médicaux, la machine peut tout transformer, ou presque, et le potentiel est déjà énorme. Et le plus important est bien peut-être celui de la biomasse océanique, dont font partie les algues.
Alexandre Closset, spécialiste de l'hydrogène, avance que "la biomasse océanique a un potentiel gigantesque, des centaines voire des milliers de fois supérieures à la biomasse terrestre". Il conclut donc qu'au niveau planétaire, "on pourrait imaginer produire suffisamment d'hydrogène pour compenser toutes nos dépenses en pétrole, en gaz naturel et en charbon".
Si le procédé de récolte et de séchage des algues n'est pas tout à fait au point et devra être revu, les chercheurs restent surpris des résultats de leurs recherches.
"On a réussi, dans le gaz qui a été produit à partir des macrofites lacustres, à avoir plus de 30% d'hydrogène qui sort de cette gazéification, qu'on pourrait après purifier, pour le vendre par exemple pour la mobilité des camions en Suisse", explique Alexandre Closset. Le charbon agricole également obtenu pourrait servir, lui, à fertiliser les sols, une manière revaloriser intégralement un déchet organique.
En résumé, l’hydrogène est une pièce essentielle du puzzle de la transition énergétique. Plus personne ne veut aujourd'hui manquer le virage. L’Union européenne et les pays européens y consacrent des milliards pour soutenir la filière. Et la Suisse suit cette tendance.
Sujet TV: Julien Von Roten
Adaptation web: Julien Furrer
L'importance de l'hydrogène
L’hydrogène permet de remplacer les produits pétroliers, le gaz, le charbon, dont de nombreux usages sont aujourd'hui très polluants, et il a de nombreuses applications. Il peut donc permettre de décarboner l’économie.
Pour qu'il soit "vert", il faut cependant le produire de manière renouvelable, donc notamment avec des déchets organiques, mais aussi avec de l'électricité venant du courant éolien ou solaire. Il devient donc un moyen de stocker ces énergies intermittentes.
L'hydrogène commence déjà à remplacer le diesel dans le transport poids lourd, ferroviaire et un peu automobile, à remplacer le charbon pour produire de l’acier, à remplacer le gaz pour produire de l’électricité, soit dans des turbines soit dans des piles à combustible. C'est un peu comme un grand barrage hydroélectrique décentralisé. Il peut permettre de stocker le courant produit l’été pour être consommé l’hiver.
Inconvénient majeur, il se transporte difficilement, mais il peut aussi servir de base à d’autres carburants de synthèse, gazeux ou liquide, facilement transportables.
Un camion de 40 tonnes à propulsion électrique et hydrogène
Le premier camion de 40 tonnes à propulsion électrique et hydrogène conçu en Suisse va commencer ses livraisons en janvier 2023 à Genève. Ce véhicule doté de 570 chevaux pour une autonomie de 450 kilomètres n'émet que de la vapeur d'eau.
Des essais ont eu lieu sur les routes genevoises depuis déjà quelques semaines. Le camion a ainsi accompli 1600 kilomètres. Mais le 40 tonnes a effectué lundi son premier tour de roue officiel devant la presse et les partenaires de ce projet intitulé GoH! (Generation of Hydrogen).
Pour l'occasion, le conseiller d'Etat genevois Antonio Hodgers et l'explorateur vaudois Bertrand Piccard ont servi de copilotes. Selon le chef du Département du Territoire, ce projet montre que "les adaptations pour la transition énergétique peuvent être une nouvelle source de prospérité".
Comme un autre
Ce camion à hydrogène a la même capacité de charge qu'un véhicule classique. Il sera utilisé par Migros Genève, l'un des partenaires du projet, pour amener les marchandises de la centrale de distribution jusqu'aux différentes succursales du canton.
Ce prototype a coûté un peu plus d'un million de francs. Il avait déjà été présenté en mai dernier lors des Assises de la transition énergétique. Le projet est le fruit d'une collaboration entre la Fondation Nomads et quatre entreprises: Migros, le concepteur de système de propulsion GreenGT, les Services industriels de Genève (SIG) et le groupe spécialisé dans les camions LARAG. (ats)