C'est une révolution car les prévisionnistes météorologiques en Europe utilisent la même technologie depuis 20 ans. Cette nouvelle génération de satellites sera ultrasophistiquée, deux fois plus performante, ce qui veut donc dire que les bulletins météo seront encore plus rapides, plus précis et plus fiables.
Une fois que ce premier satellite lancé il y a quelques jours sera opérationnel, vers l'été prochain, il sera capable avec son énorme caméra de fournir des images de la Terre et des nuages avec une bien meilleure définition. Il pourra aussi envoyer 50 fois plus de données pour les modèles de prévisions numériques.
Techniquement supérieur
Un bijoux de technologie qu'utilisera d'ici peu Sylvain Le Moal, le chef de la division VDS (valorisation des données satellitaires) au Centre de météorologie spatiale de Météo France. Il connaît parfaitement les instruments installés sur ce nouveau satellite et sur les prochains.
"On aura des images en permanence de l'Afrique, de l'Europe et de l'océan Atlantique. Il y aura d'abord une meilleure qualité des images. Avec MeteoSat 2ème génération, la taille du plus petit pixel à la surface de la Terre, c'était 3 kilomètres par 3 kilomètres. Là, pour certains canaux, on va atteindre 1 kilomètre voire 500 mètres (...). On aura aussi des images plus régulièrement. MeteoSat 2ème génération, c'était 15 minutes, et là, à terme, on va avoir des images toutes les 2 minutes 30. En plus, sur MeteoSat 2ème génération, il y avait 12 canaux; là, on va passer à 16 canaux, donc pour nous, il y aura plus d'informations. On y gagne à la fois en termes de résolutions spatiale, temporelle et spectrale", se réjouit le météorologue.
Rôle de la Suisse
Pour exploiter cette quantité énorme de données issues de MeteoSat 3ème génération, il faut d'abord capter le signal de ces nouveaux satellites. C'est là que la Suisse entre en jeu dans ce programme européen, comme l'explique Mikhaël Schwander, prévisionniste à Météo Suisse.
"Il y a une antenne qui a été installée à Loèche, en Valais, pour récupérer les données qui sont transmises depuis les satellites. C'est une des deux antennes, l'autre est située en Italie, vers le lac de Côme. Si les conditions météorologiques posent problèmes sur une des deux antennes, l'autre antenne peut prendre le relais. Vu qu'elles sont situées de deux côtés des Alpes, il y a souvent des conditions météorologiques différentes."
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Une fois que les antennes comme celle de Loèche, en Valais, sont connectées aux satellites, les données sont transmises à Darmstadt, en Allemagne, siège de l'agence intergouvernementale européenne Eumetsat, qui fournit les images et les données des satellites météorologiques à ses trente Etats membres, dont la Suisse.
Valeur ajoutée
En Suisse, il est parfois compliqué de réaliser certaines prévisions météo, selon Mikhaël Schwander. "Les reliefs, les Alpes en particulier, ont une grande influence sur le temps qu'il fait en Suisse, ce qui complique les prévisions, explique-t-il.
"Il y a quand même pas mal de différents climats à une petite échelle spatiale. Donc les nouveaux satellites permettront d'avoir une meilleure vue de ce qu'il se passe dans les Alpes, de la nébulosité et aussi, par exemple, du stratus qu'on peut avoir en Suisse, surtout sur le Plateau", conclut le spécialiste.
Lutte contre les conséquences du réchauffement
En plus d'offrir une meilleure vision pour prédire la météo, ces nouveaux satellites sont aussi un atout précieux pour lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences. Eumetsat attend en effet d’eux qu’ils "révolutionnent la prédiction des orages", à l'origine ensuite de tempêtes, puis d'inondations. Des phénomènes extrêmes plus intenses et plus fréquents avec le changement climatique, et jusqu'ici très difficiles à prévoir à l’avance.
Ce sera possible notamment grâce à un nouvel instrument capable de détecter les éclairs au sol et dans les nuages. Prédire ces phénomènes météorologiques extrêmes plus rapidement permettra de diffuser plus vite les alertes pour évacuer les populations et sauver des vies.
Ces satellites permettront aussi des avancées conséquentes dans l’observation des feux de forêt et de la pollution de l’air, qui n’est aujourd'hui analysée que par des sondes et ballons proches du sol.
Sujet radio: Fouad Boukari
Adaptation web: Julien Furrer