La durée des événements météorologiques s'allonge en raison du changement climatique
"L'atmosphère joue sur plusieurs tableaux, sur plusieurs échelles. Les interactions entre ces dernières sont parfois complexes", souligne le météorologue et prévisionniste.
Quel est le rôle des mutations climatiques actuelles? "On se rend compte que le changement climatique tend à occasionner des situations bloquantes qui sont plus fréquentes. Cela veut dire qu'on a tendance à vivre des situations météorologiques continues, par bloc, qui durent plus longtemps. Ce qui fait qu'on peut avoir le même type de temps pendant une, deux ou trois semaines d'affilée, que ce soit de forts vents, un couloir dépressionnaire (donc du mauvais temps, ndlr) ou au contraire une canicule en été qui dure plus longtemps que par le passé", détaille-t-il.
"Températures plus chaudes que la norme"
Pour illustrer ces changements, l'ouest des Etats-Unis fournit un bon exemple. La région a connu de fortes précipitations en janvier. La zone se trouve dans un "courant d'ouest particulièrement dynamique", indique le météorologue. Un phénomène qui a un nom: le pineapple express, ou "express des ananas", parce qu'il vient d'Hawaï.
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"Le pineapple express est simplement des filaments de masses d'air, relativement humides et chauds, qui arrivent depuis le Pacifique équatorial et qui remontent en direction de la Californie", détaille l'expert. "Il y a aussi des anomalies de températures plus chaudes que la norme sur le Pacifique, entre 20 et 50 degrés de latitude nord, ce qui aide aussi à avoir plus d'humidité dans la masse d'air. Lorsque cette humidité est prise dans ces courants d'ouest, cela peut amener pas mal de précipitations."
Le changement climatique n'est pas entièrement la cause de ces pluies diluviennes: "Tout d'abord, il y a une variabilité naturelle, en fonction des courants. On a deux semaines de courants d'ouest, presque sans discontinuer. Cela va amener de toute manière beaucoup d'humidité", explique Lionel Peyraud. Mais, "dans un climat qui se réchauffe, il est clair qu'une masse d'air plus chaude peut contenir plus d'humidité. A ce titre-là, je pense qu'il faudra s'attendre à des perturbations qui peuvent, souvent, contenir davantage d'humidité et produire plus de précipitations à l'avenir", ajoute-t-il.
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Antoine Michel