Nanobulles ou bactéries, les solutions pour assainir les sols contaminés par la dioxine
En 2021, lors du lancement d'un projet immobilier à Lausanne, une pollution aux dioxines, des molécules organiques issues du processus de combustion dont certaines peuvent être très persistantes et toxiques, avait été détectée par hasard. Plusieurs sites sensibles avaient ensuite été identifiés, dont certains près de places de jeux.
Vieille de plusieurs décennies, cette pollution provient de l'ancienne usine d'incinération du Vallon, démantelée entre 2005 et 2009 après un peu moins d'un demi-siècle d'activité.
A la mi-janvier, à la suite de nouvelles analyses, une cinquantaine de restrictions et interdictions supplémentaires ont été annoncées par l'Etat de Vaud et la Ville de Lausanne.
>> Lire aussi : Précisions et nouvelles recommandations après la pollution aux dioxines à Lausanne
Plusieurs projets pilotes
Le sujet brûlant de l'assainissement est maintenant sur la table et un appel a été lancé du côté de la communauté scientifique pour trouver des solutions afin de venir à bout de cette substance toxique incrustée dans des milliers de parcelles lausannoises. Un groupe de travail va tenter de développer et évaluer un certain nombre de solutions concrètes.
Lors de sa dernière conférence de presse fin janvier, le canton de Vaud a annoncé le lancement de plusieurs projets pilotes. Interrogé par la RTS, la direction générale de l'environnement confirme avoir sollicité plusieurs équipes scientifiques, tant dans les domaines publics que privés. Celles-ci mèneront des tests ces prochains mois sur des parcelles communales.
Les hautes écoles de la région sont mises à contribution, tout comme les entreprises spécialisées qui doivent maintenant activer leurs pôles de recherche et de développement autour de ce problème lié à la dioxine.
Deux types de méthodes sont envisagés: des méthodes physico-chimiques et des méthodes biologiques. Elles peuvent être complémentaires et chacune peut s'appliquer différemment en fonction de la nature des parcelles. En effet, on n'interviendra pas de la même façon dans une forêt que sur une place de jeux.
Procédés physico-chimiques et procédés biologiques
Les procédés physico-chimiques, qui sont certainement les plus efficaces, consistent à laver le matériau pollué ou à le brûler pour faire disparaître les substances toxiques. Cette méthode assez prometteuse fonctionne avec des nanobulles, des particules gazeuses qui séparent le polluant du reste du matériau.
Mais cela implique de déplacer la terre pour la traiter et le coût économique est donc plus important. Sans parler de l'impact environnemental sur le terrain qui est traité, car toute forme de vie est détruite, provoquant un vrai désastre écologique.
C'est pour cette raison que l'on cherche également à développer des méthodes plus douces, à savoir "bio-remédiation" ou dépollution biologique des sols, qui utilise des bactéries, des champignons ou des plantes pour neutraliser les polluants.
Cette méthode fonctionne très bien avec les hydrocarbures ou les nitrates. Mais on n'a pas vraiment d'expérience probante avec la dioxine. Certaines études ont toutefois montré que les plantes comme les courges pouvaient absorber et stocker les particules toxiques, mais dans une proportion limitée.
A l'heure actuelle, on est au stade de l'expérimentation, puisque cet épisode est, de l'aveu même des autorités, d'une "ampleur inédite dans un terrain urbain". En d'autres termes, la ville de Lausanne sera un grand laboratoire à ciel ouvert pour les spécialistes de la pollution des sols.
>> Voir aussi le dossier d'Unisanté sur la contamination des sols en région lausannoise et le dossier de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire.
Sophie Iselin/boi