Si les casques protègent bien des lésions légères, ils mériteraient une mise à jour. En effet, ils sont prévus pour des vitesses allant de maximum 25 à 30 km/h. Or, avec l’arrivée du "ski carving" (une pratique du ski qui consiste à ancrer les carres de ses skis dans la neige, en appliquant une forte pression sur le ski aval), on skie en moyenne à 45km/h. Et cela, sans forcément maîtriser complètement la technique.
"La neige artificielle est également plus dure et entraîne des traumas crâniens plus violents lors de chutes", explique Jean-Yves Fournier, médecin-chef du service de neurochirurgie au Centre hospitalier du Valais romand, dans l'émission CQFD.
Déchirement des neurones
Egalement interrogé, Dominique Pioletti, directeur du Laboratoire d'Orthopédie Biomécanique de l’EPFL, revient sur les normes actuelles. Les casques sont prévus pour protéger la tête des fractures mais pas le cerveau lors d'un choc rapide, explique-t-il.
"Les tests sont faits sur une accélération linéaire. Lors d'un choc en ligne droite avec un poteau, notre tête va tourner très rapidement. C'est ce mouvement de rotation qui va induire des lésions cérébrales".
Il donne l'exemple de l'œuf que l'on tourne. "Si on considère que l'œuf est la tête, la coquille serait l'os et le jaune et le blanc seraient le cerveau. Si l'on tourne rapidement l'œuf, le jaune et le blanc vont également tourner mais pas à la même vitesse". A l'interface entre le jaune et le blanc, on va avoir du cisaillement. "C'est ce qui va se passer lors d'une rotation rapide du cerveau suivant un choc, il va y avoir une sorte de déchirement des neurones", poursuit-il.
Le casque, un outil de protection qui reste important
Des recherches sont en cours sur des matériaux minimisant cet effet de rotation et les premiers prototypes de casque de ski incluant cet aspect devraient être testés d’ici trois à quatre ans. Mais en parallèle, les normes de protection de ces casques devraient aussi être revues.
Jean-Yves Fournier estime également que les casques ont évolué moins vite que l'équipement, avec notamment le changement de qualité de la neige. En attendant des modèles plus adaptés, le spécialiste rappelle qu'il ne faut toutefois pas renoncer au casque car il protège toujours des lésions moins sévères.
Stéphane Délétroz/hkr