Le chlorothalonil, utilisé dès les années 70, a longtemps été l'un des fongicides les plus commercialisés en Suisse, avec près de 45 tonnes par an. Suspecté d'être cancérogène, il a été interdit en 2020, mais ce composé chimique est toujours présent dans les eaux souterraines du plateau.
Deux de ses dérivés sont particulièrement fréquents dans les prélèvements et dépassent largement le seuil fixé par la Confédération.
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A Lausanne, la situation est telle que la Ville a dû mettre hors service un cinquième de ses ressources souterraines. Actuellement, ces pertes sont compensées par un pompage des eaux du Léman.
Des installations pilotes de traitement
En juillet 2020, le Conseil communal a alloué en urgence un crédit d'études de 700'000 francs afin de mettre en place des installations pilotes de traitement des métabolites du chlorothalonil.
Ces essais ont montré que les métabolites du chlorothalonil ont été absorbés par le charbon actif. Ce dernier s'est montré "très efficace" face à l'un des métabolites (le R417888). L'élimination d'un autre (R471811) "nécessite de renouveler régulièrement le charbon actif, et ce en fonction du taux de métabolites présents dans l’eau", indique le communiqué de la ville.
Et de relever que l'ajout d'une étape d'oxydation à l'ozone en amont du charbon actif tend à prolonger la durée de vie de ce dernier. Cela permet donc de diminuer les taux de renouvellement.
Hausse jusqu'à 75% du prix
Lausanne a aussi testé la nanofiltration conventionnelle, soit l'utilisation d'un filtre pour séparer l'eau des polluants. Celle-ci permet une rétention totale des métabolites, mais demeure gourmande en énergie. De plus, l'eau ainsi traitée est dépourvue d'une partie de ses minéraux. Cette solution est davantage adaptée dans le cas de fortes concentrations, explique la Ville.
Concernant les coûts, le prix moyen d'eau potable en Suisse étant d'environ 2 francs/m3, ces différents traitements entraîneraient des augmentations de l'ordre de 15% à 75%.
L'emploi de charbon actif semble la solution la plus adéquate, mais une mise en oeuvre demandera encore plusieurs étapes. "Chaque situation devra être étudiée en détail selon le taux de pollution au chlorothalonil, la situation géographique, les éventuelles ressources alternatives et coûts d’investissement et d'exploitation des différentes solutions", conclut la Municipalité lausannoise.
Alors que le traitement des eaux pourrait représenter une hausse allant jusqu'à 400 francs par année pour une famille, la question de savoir qui va payer pour assainir les eaux souterraines est soulevée.
Texte web: cab avec ats
Sujet radio: Sophie Iselin