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Les pistes lausannoises pour éliminer le chlorothalonil des eaux potables

Des traces de chlorothalonil ont été identifiées dans les eaux de certains districts fribourgeois. [Keystone/EQ images - Manu Friederich]
Science qui peut! - Le chlorothalonil et son impact sur l’eau potable / Science qui peut ! / 3 min. / le 10 février 2023
La Ville de Lausanne a présenté jeudi les résultats des essais menés pour éliminer les métabolites du chlorothalonil dans son eau. Les solutions mettant en oeuvre du charbon actif montrent de bons résultats.

Le chlorothalonil, utilisé dès les années 70, a longtemps été l'un des fongicides les plus commercialisés en Suisse, avec près de 45 tonnes par an. Suspecté d'être cancérogène, il a été interdit en 2020, mais ce composé chimique est toujours présent dans les eaux souterraines du plateau.

Deux de ses dérivés sont particulièrement fréquents dans les prélèvements et dépassent largement le seuil fixé par la Confédération.

>> Lire à ce sujet : En Suisse, 700'000 personnes touchées par de lʹeau contenant des résidus du chlorothalonil

A Lausanne, la situation est telle que la Ville a dû mettre hors service un cinquième de ses ressources souterraines. Actuellement, ces pertes sont compensées par un pompage des eaux du Léman.

Des installations pilotes de traitement

En juillet 2020, le Conseil communal a alloué en urgence un crédit d'études de 700'000 francs afin de mettre en place des installations pilotes de traitement des métabolites du chlorothalonil.

Ces essais ont montré que les métabolites du chlorothalonil ont été absorbés par le charbon actif. Ce dernier s'est montré "très efficace" face à l'un des métabolites (le R417888). L'élimination d'un autre (R471811) "nécessite de renouveler régulièrement le charbon actif, et ce en fonction du taux de métabolites présents dans l’eau", indique le communiqué de la ville.

Et de relever que l'ajout d'une étape d'oxydation à l'ozone en amont du charbon actif tend à prolonger la durée de vie de ce dernier. Cela permet donc de diminuer les taux de renouvellement.

>> Les précisions du 12h45 :

Trois ans après son interdiction, le chlorothalonil est toujours présent dans l’eau potable à Lausanne
Trois ans après son interdiction, le chlorothalonil est toujours présent dans l’eau potable à Lausanne / 12h45 / 2 min. / le 10 février 2023

Hausse jusqu'à 75% du prix

Lausanne a aussi testé la nanofiltration conventionnelle, soit l'utilisation d'un filtre pour séparer l'eau des polluants. Celle-ci permet une rétention totale des métabolites, mais demeure gourmande en énergie. De plus, l'eau ainsi traitée est dépourvue d'une partie de ses minéraux. Cette solution est davantage adaptée dans le cas de fortes concentrations, explique la Ville.

Concernant les coûts, le prix moyen d'eau potable en Suisse étant d'environ 2 francs/m3, ces différents traitements entraîneraient des augmentations de l'ordre de 15% à 75%.

L'emploi de charbon actif semble la solution la plus adéquate, mais une mise en oeuvre demandera encore plusieurs étapes. "Chaque situation devra être étudiée en détail selon le taux de pollution au chlorothalonil, la situation géographique, les éventuelles ressources alternatives et coûts d’investissement et d'exploitation des différentes solutions", conclut la Municipalité lausannoise.

Alors que le traitement des eaux pourrait représenter une hausse allant jusqu'à 400 francs par année pour une famille, la question de savoir qui va payer pour assainir les eaux souterraines est soulevée.

>> L'interview dans le 12h30 de Pierre-Antoine Hildebrand, conseiller municipal lausannois en charge de la Sécurité et de l'Economie :

La question des coûts de l'assainissement des eaux polluées au chlorothalonil reste à régler [Keystone - Laurent Gillieron]Keystone - Laurent Gillieron
La question des coûts de l'assainissement des eaux polluées au chlorothalonil reste à régler / Le 12h30 / 1 min. / le 10 février 2023

Texte web: cab avec ats

Sujet radio: Sophie Iselin

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