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A la Réunion, le bien-être des dauphins à long bec est à l’étude

À la Réunion, une étude sur des dauphins veut évaluer le stress causé par l'être humain.
À la Réunion, une étude sur des dauphins veut évaluer le stress causé par l'être humain. / 19h30 / 2 min. / le 12 février 2023
Les populations de dauphins doivent cohabiter avec l’humain et ses nuisances: tourisme, pêche, pollutions sonores liées au trafic maritime. Les pressions sur l’habitat du cétacé augmentent. Dans l’océan Indien, à l’île de la Réunion, une étude est menée depuis 2 ans pour évaluer le stress des dauphins à long bec.

Son souffle est puissant, son dos arbore la cape bicolore propre à son espèce. A la Réunion, les dauphins à long bec s’alimentent et se reproduisent à proximité de la côte ouest, là où l’activité humaine en mer est la plus dense.

Le bien-être de ces dauphins côtiers, c’est l’objet de l’étude menée depuis deux ans par la cétologue Fabienne Delfour et son équipe composée d’éthologues, de biologistes et de vétérinaires-chercheurs. Ce premier état des lieux devrait permettre de mieux les protéger à l’avenir.

Devant les caméras de la RTS, Fabienne Delfour, enseignante-chercheuse à la tête de l’étude BEC (Bien-Être des Cétacés), montre comment les approcher. Pour espérer rencontrer ces animaux, il faut d’abord savoir les écouter. C'est donc grâce à un hydrophone que les scientifiques localisent les dauphins.

Taux de cortisol analysé

La scientifique explique sa démarche: "On va se mettre à l’eau et récolter fèces et peaux". En effet, dans les déjections comme dans les peaux mortes, le cortisol, l’hormone du stress, peut être mesurée.

"L’idée c’est de les repérer, de voir dans quel état comportemental ils se trouvent. Et s’ils tolèrent notre approche", ajoute-t-elle. L’approche est passive, aux dauphins de décider s’ils collaborent.

Les échantillons récoltés seront analysés par des vétérinaires-chercheurs de l’Université de Barcelone.

Beverley Ecalle, éthologue et membre de l'association Abyss, explique que "pouvoir établir une base de données de cortisol sur les populations sauvages, soumis aux pressions anthropiques (...) c’est important pour la préservation des espèces".

Nombreuses autres informations

En plus des prélèvements biologiques, de nombreuses informations sur le comportement des dauphins ont déjà pu être collectées, grâce à la photo-identification.

Marion Ovize, biologiste marine, explique que "ça procure toujours des données supplémentaires, histoire d’agréger comportements sous l’eau et en surface".

Fabienne Delfour, elle, raconte que quand elle a commencé, "il y a trente ans, en éthologie et céthologie avec les mammifères marins", il y avait peu de chercheurs dans le domaine. "J’apprends beaucoup de cette nouvelle génération. Essayer de construire un futur commun pour pouvoir mieux comprendre ces animaux, c’est ça qui m’anime", conclut-elle.

Mieux les comprendre, pour mieux les protéger: les résultats de l’étude contribueront à livrer des clés pour une cohabitation plus harmonieuse entre les humains et les dauphins.

Sujet TV: Anna Bellissens

Adaptation web: Julien Furrer

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