Le nombre de bornes de recharge rapide demeure insuffisant sur les autoroutes
En 2019, l’Office fédéral des routes (OFROU) a adjugé à cinq entreprises la responsabilité d'équiper de bornes électriques la centaine d'aires de repos des autoroutes suisses (à distinguer des aires de ravitaillement comprenant des stations-service, non comprises dans ce chiffre). Ce déploiement se fait à différentes vitesses selon les cantons.
A bord d'une des 110’000 voitures électriques immatriculées en Suisse, la RTS a pu découvrir qu'en fonction du tronçon autoroutier parcouru, il vaut mieux ne pas être à court de jus.
Par exemple, sur le trajet de Coppet (VD) à Bex (VD), soit une centaine de kilomètres, sur les douze aires d'autoroutes, seules quatre permettent une recharge. Tandis que sur le parcours de Bex à Sierre (VS), soit une cinquantaine de kilomètres, les neuf aires existantes permettent une recharge.
Le choix d'un projet
Les exploitants ont tous choisi d’équiper d’abord les aires valaisannes, alors que l'Arc lémanique est l’un des tronçons routiers les plus fréquentés.
La priorisation d'un projet se fait en fonction de l'attractivité d'un site ainsi que du soutien des différentes antennes régionales de l'OFROU, a expliqué Massimo Lucchini, responsable du développement en Suisse romande de l'entreprise GoFast, jeudi dans le 19h30 de la RTS: "C'est pour cela que nous avançons plus vite dans certaines régions."
L'OFROU affirme de son côté qu'il n’y a pas de différence entre ses filiales. "Les exploitants sont libres de choisir les aires de repos et le lot qu'ils souhaitent équiper en premier", a détaillé à la RTS l'office fédéral dans une réponse écrite.
Certains projets auraient pris plus de temps que prévu en raison de facteurs externes qui ne dépendraient pas des exploitants.
Des bornes proches de l'autoroute
L’axe autoroutier Genève - Yverdon - Neuchâtel - Delémont est aussi "très mal équipé au niveau des aires de repos", affirme Olivier Bourgeois, président de l'association romande des utilisateurs de véhicules électriques. Ce qui peut sembler être un véritable casse-tête pour les conducteurs de véhicules électriques.
Mais, souvent, des stations sont disponibles près des sorties d'autoroute. Un détour de quelques kilomètres suffit généralement pour trouver l'une des 9000 bornes de recharge disponibles en Suisse.
Fin janvier 2023, 26 aires de repos - sur la centaine existante - étaient équipées de bornes de recharge dans toute la Suisse. L'OFROU a fixé à 2030 pour qu'elles soient toutes équipées. A cette même date, la proportion de voitures électriques dans le parc automobile suisse devrait passer de 2 à 25%.
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Léandre Duggan/miro
D'ici 2030, l'Europe aura besoin de 3,4 millions de bornes
L'électrification révolutionne le monde de l'automobile, notamment en Europe, où les voitures neuves à essence seront interdites à la vente en 2035. "La croissance des ventes de véhicules électriques dépassera de loin celle du marché", estime Al Bedwell, du cabinet LMC.
La peur de la panne reste l'un des principaux facteurs qui empêche les automobilistes de passer à la voiture électrique. Même si la plupart des recharges se font à domicile, le développement de réseaux de bornes pléthoriques et rapides est donc crucial pour les longs trajets, selon les représentants du secteur automobile.
L'UE aura besoin de 3,4 millions de bornes de recharge en 2030, selon un rapport du cabinet McKinsey, avec des réseaux électriques mis à jour pour tenir le coup. Au total, cela pourrait représenter un coût de 240 milliards d'euros.
La France cherche à combler son retard
Le gouvernement français est en retard sur son objectif de 100'000 bornes. Fixé initialement pour 2021, ce chiffre devrait être atteint au deuxième trimestre 2023. L'Hexagone sera donc le troisième pays le plus équipé d'Europe derrière les Pays-Bas.
Actuellement, le gouvernement français cible les autoroutes en y multipliant les ouvertures de stations, avec des opérateurs comme le hollandais Fastned, qui a inauguré lundi sa plus grande station en France, sur l'aire de Vémars, dans le Val d'Oise.
L'opérateur prévoit d'y accueillir au début une dizaine d'utilisateurs par jour, beaucoup plus le week-end et pendant les vacances, et jusqu'à 1000 véhicules potentiellement autour de 2030. "C'est le début d'une nouvelle ère pour l'autoroute", a lancé Arnaud Quémard, directeur général du groupe Sanef.