"J’ai dû attendre quatre mois avant d’obtenir un rendez-vous pour ma fille. L’attente était très difficile pour l’ensemble de la famille qui ne sait pas à quoi s’en tenir", raconte la maman d’une adolescente genevoise. C'est un des témoignages recueillis par 15 Minutes.
Interrogée sur ce point, Caroline Menache, neuropédiatre à la clinique des Grangettes à Genève, explique qu'il y a des délais partout: "Il manque des médecins formés dans le diagnostic de ces troubles". La spécialiste précise que des efforts sont faits pour former plus de professionnels.
Impact pour toute la famille
Difficulté à apprendre par coeur, à se concentrer ou à gérer son temps: cette pathologie a souvent un effet sur l’estime de soi des enfants. Papa d'un enfant diagnostiqué, Xavier* explique les difficultés rencontrées par son fils et l’impact sur la famille: "Au début, quand on ne connaît pas les effets de ce trouble, on a tendance à penser que l’enfant est mal élevé, qu'il n’a pas envie de se donner de la peine. En réalité ce n’est pas sa faute, donc c’est très important de l’entourer".
Suite à l’intervention d’un pédiatre, les parents se sont résolus à traiter leur enfant avec de la ritaline: "Notre fils ne se rend pas compte de la différence, mais nous voyons que lorsqu'il ne prend pas son médicament, cela peut prendre jusqu'à quatre fois plus de temps pour qu'il fasse ses devoirs".
Difficile d'en parler
De plus en plus répandu dans les écoles, ce trouble reste stigmatisant pour les personnes atteintes. "Personnellement, je n’en parle pas trop", explique Rosa*, une adolescente diagnostiquée après plusieurs crises d’angoisse, alors qu'elle était encore au cycle d’orientation.
"J’ai plus de temps pour mes épreuves, mais pour le professeur, je pourrais également être dyslexique, il ne voit pas la différence", précise la jeune fille. "J'en parle à mes proches mais tant qu'on ne l’a pas vécu, on ne peut pas vraiment comprendre."
Troubles qui durent
Si ce trouble se déclare la plupart du temps à l’enfance, "il persiste dans 60 à 70% des cas" à l'âge adulte, explique la doctoresse Caroline Menache. Elle ajoute qu'une fois sensibilisés, les professeurs font souvent des efforts pour simplifier l’apprentissage de ces enfants, en les mettant tout devant ou en leur laissant plus de temps pour réaliser certaines tâches.
Pour Rosa, il a fallu travailler avec l’aide d’un psychologue et d’une coach spécialisée pour accepter cet état de fait. "Au début, j’avais beaucoup de mal avec ça. Je me disais que j’aurais toujours une sorte d’étiquette 'ne peut pas se concentrer à l’école' ou 'personne qui va rater sa vie'. Mais j’ai réussi à travailler sur moi et j’ai compris que ça pouvait également être une force."
*Prénoms d'emprunts
Antoine Harari, Coraline Pauchard